Les méthodes alternatives en expérimentation animale et Francopa

Les évolutions réglementaires et les exigences éthiques ont été promotrices du développement de nouvelles approches pour les études toxicologiques, en vue d'améliorer la prédiction des effets toxiques, tout en réduisant les essais sur les animaux. L’Ineris, acteur de la toxicologie prédictive, travaille depuis plusieurs années sur le développement et l’évaluation des méthodes alternatives en expérimentation animale.
Animalerie poisson - Mars 2019 © Franck DUNOUAU 13.jpg

Les méthodes alternatives en expérimentation animale sont utilisées en recherche  fondamentale,  pour  la  réalisation  d’études à visées réglementaire, de travaux cliniques, et aussi d’opérations  de  criblage  en  matière  de  développement  de  nouvelles molécules. Elles reposent sur des méthodes de remplacement in vitro  (modèles  cellulaires) ou in silico (modèles  mathématiques) et sur des méthodes de raffinement in vivo.
 Dans le domaine de la recherche, ces différentes méthodes sont des outils précieux qui permettent de  mieux  comprendre  la  physiologie  des  organismes  et  les  mécanismes des effets des  substances  sur  ces  derniers.

Accompagner le développement des méthodes alternatives autour d’une démarche éthique en expérimentation animale

L'Ineris travaille  depuis  plusieurs  années  sur  les  méthodes  alternatives  en  expérimentation  animale.  Le  recours  à  ces  méthodes,  exigence  éthique,  est  aussi  une  nécessité  pratique  dans  un  contexte réglementaire qui les préconise et, au-delà, dans un contexte de recherche socialement responsable y compris en accompagnement à l’innovation.

Bien   que   l’expérimentation   animale   occupe   encore   aujourd’hui  une  place  centrale  pour  évaluer  la  toxicité  des substances, les études toxicologiques ont néanmoins tendance, avec la double évolution du corpus réglementaire (bien-être animal, substances chimiques), à laisser une plus large place aux méthodes alternatives. L’Ineris développe, ou évalue, des méthodes alternatives en vue de la mise en œuvre de stratégies de tests intégrés permettant de remplacer, réduire ou raffiner, selon les principes exprimés par la règle des « 3R », le recours à l’expérimentation animale, principalement dans le domaine de l’évaluation de la sécurité des produits chimiques. Si le développement de l’(éco-)toxicologie prédictive est une priorité de l’Ineris, l’Institut joue aussi un rôle dans la reconnaissance de ces méthodes, tout d’abord avec la validation du concept par les chercheurs.

Membre  fondateur  de  Francopa  (Plateforme  française  dédiée  au  développement,  à  la  validation  et  à  la  diffusion  de  méthodes  alternatives  en  expérimentation  animale) et  partenaire  d’alliances  pour  la  recherche,  l'Institut  dispose d’une large connaissance sur les dangers physiques, écotoxicologiques et toxicologiques des substances, ainsi que des compétences et des moyens pour les caractériser. Le nouveau contrat d’objectifs et de performance de l’Ineris pour la période  2021-2025, dans la continuité des précédents, veille à maintenir, optimiser et développer les capacités expérimentales et de modélisation sur les dangers des substances seules ou en mélange tout en assurant la dissémination des connaissances acquises vers l’ensemble des parties prenantes.

Francopa

Francopa est la plateforme française dédiée au développement, à la validation et à la diffusion de méthodes alternatives en expérimentation animale. Elle a été créée le 6 juillet 2007, à la demande du ministère chargé de la Recherche et de l’Agence française de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Les partenaires contribuant à Francopa se réunissent avec la volonté commune de favoriser la mise en place de méthodes alternatives pour réduire ou supprimer le recours à l’animal de laboratoire, notamment dans le développement, l’évaluation et le contrôle des produits de santé et des substances chimiques.

Webinaire - novembre 2024

La Dr Alexandra Benchoua, directrice de recherche au Centre d’études des cellules souches à l’Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques (I-STEM), a présenté lors de ce webinaire ses travaux pour le développement d’une méthode expérimentale permettant de ne pas utiliser l’animal, dans le cadre de la recherche d’un nouveau traitement des maladies neurologiques ou psychiatriques (comme les troubles du spectre autistiques).
Ses travaux ont été récompensés le 31 janvier 2024 par le Prix de biologie Alfred Kastler 2023.

 

Biographie
Directrice de recherche statutaire au Centre d’Etude des Cellules Souches (CECS), laboratoire faisant partie de l’Institut des cellules Souches pour le Traitement et l’Etude des maladies Monogéniques (ISTEM). Le CECS est un laboratoire de recherche ayant le statut privé d’association à but non lucratif dédiée à l’activité de recherche de traitements pour les maladies génétiques rares. Responsable des équipes « Neuroplasticité et Thérapeutique » et « Recherche et Innovation Technologique » d’ISTEM.
Mes activités de recherches sont tournées vers la modélisation et l’étude des maladies neurodéveloppementales d’origines génétiques en utilisant exclusivement les cellules souches pluripotentes humaines ainsi que la recherche de traitements pharmacologiques à haut débit et la médecine personnalisée. Mes équipes mettent au point des protocoles de différenciation des cellules souches en différents types de neurones, en s’attachant à reconstituer in vitro les étapes clés du développement humain et de la plasticité cérébrale. Ces modèles cellulaires, en 2 ou 3 dimensions, sont ensuite utilisés pour étudier l’influence de mutations génétiques causales de maladies dites neurodéveloppementales, qui se caractérisent par des atteintes neurologiques et psychiatriques sévères chez l’enfant. Nous utilisons les techniques de criblage à haut débit et à haut contenu pour identifier des composés pharmaceutiques susceptibles de corriger les anomalies provoquées par ces différentes mutations.