Maîtriser la pollution des sols sur le long terme

Les phytotechnologies restent encore émergentes sur les marchés des techniques de gestion et de dépollution des sols. Elles constituent pourtant, a priori, des solutions technico-financières particulièrement bien adaptées aux sites où de vastes surfaces sont polluées (anciens sites industriels et zones de retombées de leurs rejets atmosphériques, tel que l’ancien site de Metaleurop dans le Nord de la France, par exemple).
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la valorisation d’un foncier dégradé par le phytomanagement est l’occasion de limiter les risques liés à la pollution des sols, tout en produisant une biomasse valorisable, en améliorant la qualité des sols et en favorisant la biodiversité.

Depuis les années 1990, les phytotechnologies font l’objet de multiples recherches menées par des équipes nationales et internationales selon deux axes complémentaires :
l’un, de nature plutôt fondamentale, vise à acquérir des connaissances sur les mécanismes de tolérance et d’accumulation des plantes candidates en phytotechnologies pour connaître, voire améliorer, leur capacité à tolérer, à immobiliser ou à extraire les polluants (phytoextraction) ; l’autre, plus appliqué, vise à mettre en œuvre et à optimiser les itinéraires techniques (du semi à la récolte) et les filières de valorisation de la biomasse collectée pour que la gestion des pollutions par les phytotechnologies soit un cycle vertueux complet. L’Ineris a rapidement orienté son action selon ce second axe de recherche et la mise en place d’expérimentation in situ. Les objectifs poursuivis sont :

  • d’évaluer les enjeux associés au phytomanagement en termes de maîtrise des risques environnementaux et sanitaires marqués par la temporalité propre à ces projets (gestion sur le long terme) ;
  • d’accompagner la levée des verrous technico-économiques et réglementaires.

Le phytomanagement appliqué aux terrains de dépôts de sédiment de dragage

Le dragage des sédiments qui se déposent naturellement au fond des voies d’eau est une opération nécessaire pour faciliter la navigation, préserver le bon état écologique du milieu, mais aussi pour réaliser le traitement de certains de ces sédiments qui peuvent présenter un risque pour l’environnement et la santé humaine. En l’absence de valorisation possible, la mise en dépôt définitive des sédiments fut le débouché privilégié en Nord-Pas-de-Calais. Désormais, Voies Navigables de France (VNF) privilégie les options de valorisation des sédiments dans le cadre de sa politique environnementale et de sa stratégie de gestion et de valorisation des sédiments, Alluvio.
L’Ineris conduit depuis 2002, dans le cadre du projet PHYTOSED soutenu par l’Ademe, un essai de phytostabilisation aidée, sur un site expérimental mimant un stockage de sédiments pollués aux métaux. L’objectif du projet vise à évaluer l’efficacité et la pérennité de la phytostabilisation aidée dans ce contexte, en particulier le suivi de l’évolution de la végétation sur la longue durée, ainsi que le suivi de la fonction d’immobilisation des métaux. Il s’agit d’un des rares projets en Europe qui bénéficie d’un suivi sur une durée supérieure à 15 ans, permettant de mieux comprendre l’évolution de la diversité et la dynamique floristique et des transferts dans les plantes, en fonction des modalités de traitement choisies sur les différentes parcelles mises en place.

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Depuis 2011, l’Ineris a mis en œuvre cette technique sur 2 hectares d’un terrain de dépôt situé à Fresnes-sur-Escaut (59), en partenariat avec l’Université de Franche Comté et avec le concours de VNF, l’Ademe et l’Agence nationale de la recherche. Une plantation de peupliers et de saules, couplée à la mise en place d’un couvert végétal par de la canche cespiteuse, une plante identifiée comme plante stabilisatrice de cadmium et de zinc, ont été déployées. L’Ineris assure le suivi du site, avec pour finalité d’améliorer les itinéraires techniques et de mieux comprendre les déterminants de la mobilité et des transferts de polluants, pour mieux maîtriser les risques associés :
- performance des plantes choisies ;
- optimisation de la stratégie de suivi du site (effets des amendements à moyen-long terme, suivi des plantes invasives…) ;
- faisabilité de la valorisation de la biomasse récoltée sur la parcelle et évaluation technico-économique.