Risques liés au stockage des farines animales


Description

On compte au total environ 3,5 millions de tonnes de sous-produits animaux par an, en France (information de la Direction Générale de l'alimentation du ministère de l'Agriculture) et qui sont répartis ainsi :
- 1,54 million de tonnes continue à partir en alimentation animale (essentiellement poulets et porcs) ;
- 1,3 million de tonnes est utilisé industriellement ;
- quelques tonnes d'animaux contaminés par l'Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB) ou suspectés de l'être (lorsqu'une vache est contaminée par l'ESB, l'ensemble du troupeau est abattu et incinéré) sont réduites en farine animale et incinérées immédiatement dans un circuit spécifique ;
- 440 000 tonnes (115 000 tonnes lorsque la matière crue est réduite en farine déshydratée) sont incinérées
depuis la sortie de l'arrêté de juin 1996 qui rend obligatoire l'incinération des cadavres d'animaux malades (sauf ceux contaminés par l'ESB ou suspectés de l'être pour lesquels un circuit spécifique est établi). Il s'agit d'animaux à l'état sanitaire douteux repérés à l'abattoir. Les centres d'incinération sont d'ailleurs soumis à des normes de traitement thermique précis (133 degrés, trois bars, pendant 20 minutes). Mais le taux de graisse excessif contenu dans ces farines, nécessitant le recours à des incinérateurs adaptés, retarde leur élimination.
Depuis 1996, l'Etat a été chargé de trouver des lieux de stockage (une vingtaine de sites à travers la France en 1996) pour ces farines avant leur incinération. En 1998, 85 000 tonnes de farines animales ont été brûlées par les cimentiers, permettant ainsi d'éliminer régulièrement le flux de farines et de commencer à résorber les stocks. Au 31 décembre 1998, il restait 100 000 tonnes de vieilles farines, essentiellement accumulées en 1997. Environ 50 000 tonnes de farines animales stockées dans un silo plat situé à Plouisy se sont ainsi auto-échauffées. Les températures moyennes de la partie supérieure du stockage (niveau supérieur à 7 m) étaient de l'ordre de 70°-100°. Depuis cet accident, 20 000 tonnes de farines ont été évacuées après étalement en couche mince de 50 cm d'épaisseur pour assurer le refroidissement. Des mesures de lutte contre ces auto-échauffements ont été préconisées par des experts de l'Ineris, et elles ont également été récemment appliquées sur le site de stockage de farines animales de Cléguer. Sur ce site, 8 000 tonnes de farines sur une hauteur de 20 mètres sont également entrées en auto-échauffement. L'Ineris avait déjà réalisé un certain nombre d'essais afin d'évaluer les risques liés au stockage de farines animales. Les deux plus récentes études effectuées sur les sites de Plouisy et de Cléguer ont aussi révélé un certain nombre de recommandations à mettre en œuvre. Ainsi, une hauteur de stockage supérieure à 7 mètres accroît les dangers d'auto-échauffement des farines animales et de ce fait les risques d'incendie. En outre, les ingénieurs de l'Ineris avaient déterminé auparavant diverses caractéristiques d'échantillons de farines animales :
- explosivité d'un échantillon de farines de viande (décembre 1996)
- inflammabilité et explosivité de deux échantillons de farine de viande (janvier 1997)
- analyse de gaz de pyrolyse et de combustion d'un échantillon de farine de viande à 12-14% de matière grasse (février 1997).
Enrichi de ces retours d'expérience variés, l'Institut apporte aujourd'hui ses compétences dans l'évaluation et la mise en œuvre de mesures de prévention, de détection et de protection optimales en matière de stockage de farines animales dans les principaux centres de stockage français.