Proposition d’un repère toxicologique pour l’oxyde de titane nanométrique pour des expositions environnementales par voie respiratoire ou orale


Description

Le dioxyde de titane sous forme nanométrique est de plus en plus utilisé. Cette utilisation croissante est à l’origine d’une exposition permanente des populations aussi bien professionnelle que via l’environnement. Les caractéristiques différentes de chaque forme de nanoparticule de TiO2 sont à l’origine d’une variabilité des effets observés et ne permettent pas dans l’état actuel de déterminer une Valeur Toxicologique de Référence avec une incertitude raisonnable. Dans un but de prévention et à des fins exploratoires, il est proposé dans le présent rapport d’élaborer une valeur repère qui n’est pas une valeur toxicologique de référence mais une estimation pouvant aider le gestionnaire de risque.

Pour les expositions par voie respiratoire, l’analyse des données disponibles montre que le principal effet décrit est une atteinte pulmonaire de type inflammatoire avec des effets cytotoxiques et prolifératifs à l’origine de lésions histopathologiques généralement réversibles mais pouvant conduire à la formation de tumeurs en cas d’exposition prolongée. Ces effets induits par les nanoparticules sont plus marqués qu’avec les particules fines. Il est cependant à noter que plusieurs études, notamment celles réalisées par voie intranasale, ont mis en évidence d’autres types d’effets, en particulier des effets neurologiques.

Pour les effets à seuil de dose, la valeur proposée est 0,1 μg/m3.

Elle est développée à partir de l’étude de Bermudez et al., 2004 en retenant comme effet critique une augmentation du nombre de neutrophiles, une prolifération progressive de l’épithélium et une cytotoxicité pulmonaire. La dose critique est une NOAEC de 0,5 mg/m3. Un facteur d’incertitude de 900 est appliqué.

Compte tenu des effets cancérogènes pour des expositions par inhalation, une valeur pour des effets sans seuil de dose devrait être envisagée mais elle n’a pas pu être développée.

Pour les expositions par voie orale, des effets hépatiques, rénaux, cardiaques et neurologiques correspondant à des altérations de biomarqueurs précoces répondant de manière dose dépendante sont rapportés.

Pour les effets à seuil de dose, la valeur proposée est 3 μg/kg/j.

Elle est élaborée à partir de deux études Gui et al., 2011 et Ze et al., 2014a en retenant comme effet critique les effets neurologiques et rénaux et comme dose critique le NOAEL de 2,5 mg/kg/j. Un facteur d’incertitude de 900 est appliqué.

En l’absence de données rapportant la survenue de cancer par cette voie d’exposition aucune valeur sans seuil n’a été envisagée.