Episode de pollution particulaire de début janvier 2017 : une situation exceptionnelle par son ampleur géographique

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L’épisode de pollution particulaire qui a débuté vendredi 20 janvier affecte une grande partie de la France, avec une contribution de toutes les sources d’émission (trafic routier, industrie, chauffage résidentiel, agriculture).

L’épisode concerne également une large partie de l’Europe de l’ouest (Benelux, Royaume-Uni, Allemagne) et plusieurs pays d’Europe centrale : les mêmes sources d’émission sont en cause, les conditions anticycloniques particulièrement stables et froides ne favorisant pas la dispersion des polluants dans l’atmosphère.

Depuis la fin de la semaine dernière un épisode de pollution atmosphérique particulaire sévit sur une grande partie de la France et de l’Europe de l’Ouest. Les niveaux de concentrations de particules PM10 ont dépassé un peu partout le niveau d’information/recommandation (50 µg/m3) et le niveau d’alerte (80 µg/m3) dans plusieurs régions françaises, dont les Hauts de France, la Normandie, l’Ile de France, le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, la région Auvergne-Rhône-Alpes, et Nouvelle Aquitaine. Et cette situation devrait perdurer pour les 2-3 jours à venir, du fait des conditions météorologiques anticycloniques particulièrement stables et froides : l’absence de vent empêche la dispersion des polluants, piégés près du sol par un phénomène dit « d’inversion thermique » de faible altitude. 

Un épisode de pollution sur une large partie de l’Europe

Cet épisode est un phénomène de bien plus grande ampleur car une large partie de l’Europe de l’ouest est concernée. Les prévisions issues du programme européen Copernicus Atmosphère montrent l’étendue de la situation et son caractère exceptionnel. En effet les pays du Benelux, le Royaume Uni, l’Allemagne, mais aussi plusieurs pays d’Europe Centrale, connaissent une situation très similaire avec des niveaux de concentrations tout à fait comparables. 

L’étendue géographique du panache de particules rappelle que la pollution atmosphérique n’a pas de frontières. Les épisodes de pollution hivernaux sont souvent caractérisés par des impacts relativement locaux, ciblés sur les zones d’émissions de polluants atmosphériques, et donc plutôt les villes. Différentes sources sont généralement incriminées : le trafic routier, le chauffage résidentiel dont les émissions augmentent avec les températures plus froides, et l’industrie. Dans le cas présent, les mêmes sources locales peuvent être invoquées. L’installation de la situation anticyclonique stable et froide sur une large partie de l’Europe a conduit à une spectaculaire augmentation des niveaux de particules dans toutes les zones urbanisées, sans possibilité de dispersion, jusqu’à la formation d’un panache de grande ampleur qui continue à s’auto-alimenter des émissions liées aux activités anthropiques des zones urbaines. Cet épisode de janvier 2017 est un épisode de pollution transfrontière exceptionnel (au sens où il s’étend au-delà de nos frontières). Même sur des sites de mesure théoriquement localisés en dehors de l’influence directe des sources d’émission, les concentrations en particules augmentent de façon importante. Seule une mobilisation anticipée et concertée aux niveaux national et international aurait pu contribuer à limiter son intensité.

Les premières mesures de composition chimique des particules, réalisées par les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) sous la coordination du laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air confirment ce diagnostic. Elles révèlent par ailleurs la présence de nitrate d’ammonium et donc l’influence possible d’une autre source, l’agriculture (en particulier l’élevage en cette saison).

L’épisode de pollution particulaire en cours est multi-factoriel, et sa persistance est favorisée par des conditions météorologiques exceptionnellement stables. En France le système PREV’AIR ne prévoit pas de réelle amélioration pour les jours à venir, si les niveaux d’émission persistent. La mobilisation concertée de la plupart des villes françaises pour réduire leurs émissions est essentielle, tout comme l’écho qu’elle pourrait trouver chez les voisins européens. En France, l’anticipation de l’action d’urgence a été légitimée dans les textes de loi relatifs à la gestion des épisodes de pollution, mais cette stratégie n’est pas si répandue en Europe. Dans le cas présent, elle aurait pourtant pu s’avérer payante même s’il est évident que les efforts de réduction des émissions polluantes doivent porter en priorité sur des actions pérennes et de long terme.

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