Particules fines : comprendre leurs origines et leur composition

Laboratoire des Sciences du Climat et de L’Environnement, CEA-CNRS-UPS, Gif sur Yvette, Essonne
A l’occasion de la Journée nationale de la qualité, un entretien avec Olivier Favez, Ingénieur Études et Recherches à l’Ineris. Son objectif est de comprendre leurs origines et leur composition. Faire coopérer opérationnels, politiques et monde de la recherche le motive.
entretien-OF.jpg

L’Ineris est un acteur majeur des dispositifs de surveillance de la qualité de l’air en France et à l’international. L’Institut intervient sur trois volets : mesurer, prévoir et agir. Vous êtes partie prenante de ce premier volet, pouvez-vous nous expliquer vos missions et avec qui les exercez-vous ?

 

Au sein de la direction des risques chroniques, j’étudie les propriétés physico-chimiques des particules fines dans l’air ambiant (PM10 et PM2,5)*. Dans le cadre des travaux du Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l’Air (LCSQA), et en étroite collaboration avec les Associations Agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA, une par région administrative), nous essayons de mieux comprendre la constitution des particules, d’où elles viennent.

 

Nous réalisons également des travaux métrologiques, afin de définir la meilleure manière de mesurer tel ou tel polluant avec nos homologues européens. Par ailleurs, j’encadre des travaux de recherche de doctorants sur la connaissance des origines des particules atmosphériques (sources d’émission et processus de formation) et de leurs possibles impacts sur le climat. Pour ce faire, je collabore avec des chercheurs en Europe et à l’international. Citons par exemple la construction en cours de l’infrastructure de recherche européenne ACTRIS (Aerosols, Clouds, and Trace gases Research InfraStructure -), qui s’engage à développer et maintenir des plateformes de recherche dédiée à l’observation de pointe des aérosols, des espèces gazeuses réactives (oxydes d’azote et composés organiques volatils) et des nuages au sein des États membres. L’une de mes missions au sein de cette infrastructure est la coordination du centre de référence Européen pour le contrôle qualité des mesures automatiques de la composition chimique des PM (réalisées à l’aide de l’Aerosol Chemical Monitor Calibration Centre) en partenariat avec le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement et les différentes équipes du SIRTA (supersite ACTRIS localisé sur le plateau de Saclay dans l’Essonne).

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur ces particules ?

 

Les particules atmosphériques sont dites primaires (émises directement) ou secondaires (issues de mécanismes de formation à partir de précurseurs gazeux).Tant les particules primaires que secondaires, elles peuvent être d’origines naturelles ou anthropiques. Pour les naturelles, elles sont issues de phénomènes mécaniques, tels que la houle (embruns marins) ou l’érosion éolienne des sols, mais aussi liées aux émissions volcaniques, biogéniques (dont la végétation) … Elles participent depuis toujours à la régulation climatique de notre planète. Elles sont par exemple indispensables au cycle de l’eau, en facilitant la formation des nuages. Les particules anthropiques viennent perturber ces cycles naturels, et jouent un rôle néfaste sur l’environnement et la santé. Elles proviennent notamment de phénomènes de combustion, dont le chauffage résidentiel et le transport routier, les activités industrielles et agricoles (en particulier l’émission d’ammoniac). En raison de conditions météorologies propices à leur accumulation et à la formation d’espèces secondaires, on observe une plus forte concentration de ces particules en hiver et au début du printemps. Il faut souligner la multiplicité des processus de formation et de transformation de ces particules dans l’atmosphère, compliquant les exercices de prévision de la qualité de l’air et/ou la mise en œuvre de plans d’action efficaces.

 

Que pouvons-nous faire au quotidien pour en réduire les émissions ?

 

Au niveau personnel, les premiers bons réflexes à développer sont probablement de limiter l’utilisation des véhicules particuliers et de choisir des modes de chauffage propres ou, a minima, moins émissifs (par exemple, utiliser un foyer fermé plutôt qu’un foyer ouvert pour le chauffage au bois), lorsque c’est possible. Une prise de conscience collective nourrie d’actions individuelles reste indispensable à l’amélioration de notre qualité de l’air !


L’Institut capitalise ses compétences en matière de qualité de l’air ambiant et de l’air intérieur, grâce à des équipes pluridisciplinaires. Pour la question de l’air ambiant, l’institut est membre du Laboratoire Central de la Surveillance de la Qualité de l’Air (LSCQA) en charge de la coordination technique et scientifique, du dispositif réglementaire de la surveillance de la qualité de l’air mis en œuvre en France par les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA). Son solide socle métrologique est complété par des compétences en modélisation (Prév’air, Chimere), le tout faisant l’objet d’importants travaux de recherche et prospective menés par l’Ineris, toujours en appui des décisions publiques. L’Ineris est très présent dans les instances de décision nationale (ex. CNA) et internationale (ex. Comités de normalisation, Convention Air de la Commission Economique pour l’Europe des Nations Unies). A ce titre, l’Ineris a participé et produit des études majeures, en collaboration avec d’autres acteurs, telles que le plan national de réduction des polluants atmosphériques (PREPA) ou la mise en place de zones basses émissions en Méditerranée (ECAMED) en 2018.