Émissions atmosphériques de dioxines et de furanes bromés lors de feux accidentels de déchets contenant des substances bromées


Description

Une des actions du troisième Plan régional Santé Environnement d’Ile-de-France vise notamment à améliorer les connaissances sur les émissions potentielles de polluants émergents, et en particulier les émissions relatives aux dioxines et furanes bromés en Ile-de-France.
Dans un contexte d’utilisation accrue des retardateurs de flamme et autres produits bromés, notamment dans les textiles et les plastiques, et de présence avérée des dioxines et furanes bromés dans l’air ambiant, notamment à proximité de potentiels brûlages de déchets, des essais ont été menés par l’Ineris en chambre de combustion pour simuler des feux de déchets sur différentes typologies de matériaux susceptibles de contenir des composés bromés et mesurer les émissions de dioxines et furanes chlorés et bromés (PBDD-DF) dans le but d’améliorer la connaissance de ces émissions lors de feux de déchets.
A l’issue d’une étude bibliographique, 5 matériaux distincts ont été retenus pour la mise en œuvre d’essais de brûlages : des gros appareils électroménagers (GEM) broyés et entiers, des câbles électriques, un véhicule automobile, des banquettes de voitures et des combustibles solides de récupération (CSR), au regard des données d’accidentologie, de leur composition chimique (métaux pouvant servir de catalyseurs, composés bromés), de leur potentiel d’émission de dioxines lors de combustions et des tonnages de déchets collectés.
Les essais ont été menés dans une chambre de 1000 m3 de l’Ineris, ventilée afin de simuler des brûlages à l’air libre ou incendies, avec de grands volumes de matériaux (plusieurs centaines de kg par essai).
Les résultats de cette étude expérimentale confirment l’émission de dioxines bromées lors du brûlage de déchets contenant des composés bromés. Des facteurs d’émission très variables sont obtenus selon les déchets étudiés, très probablement en fonction de leurs teneurs en chlore et en brome.
Les PBDD-DF peuvent contribuer de façon très majoritaire à l’équivalent toxique global (en retenant pour ces composés des facteurs équivalents toxiques identiques à ceux des congénères chlorés comme recommandé par les experts consultés par l’OMS) dans un bon nombre de cas (brûlages des CSR, GEM et véhicules notamment, matériaux connus pour contenir des retardateurs de flamme bromés). Lorsque les facteurs d’émission en PCDD-DF sont élevés, la contribution des PBDD-DF aux émissions exprimées en équivalent toxique est relativement moindre, voire négligeable dans le cas des brûlages des câbles électriques notamment (ceux-ci contenant a priori peu de brome).
Il ressort de cette étude la nécessité de considérer comme substances d’intérêt les dioxines et furanes bromés dans le cadre de la stratégie de prélèvements et d’analyses en situation post-accidentelle après un incendie, selon les matériaux brûlés. En outre, sur la base des mesures acquises lors de cette étude, des scénarios réalistes de feux de déchets pourraient être élaborés pour modéliser les émissions de dioxines et furanes bromés et ainsi évaluer l’exposition des populations riveraines à de potentielles combustions non maîtrisées ainsi que les impacts sanitaires associés.
Ce projet a bénéficié d’un financement de la DRIEE Ile de France dans le cadre du PRSE 3 d’Ile-de-France et d’un cofinancement du ministère en charge de l’Environnement dans le cadre des missions d’appui aux pouvoirs publics de l’Ineris.