Etat dégradé de la qualité de l'air en France

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Vigilance sur les niveaux élevés de concentrations d’ozone et de particules fines.

Plusieurs facteurs contribuent à dégrader la qualité de l’air sur la métropole, la Martinique, et la Guadeloupe :

  • la vague de chaleur en cours favorise la formation et l’accumulation d’ozone ;
  • la montée des températures est concomitante avec une masse d’air venant du sud chargée en poussières désertiques ;
  • un autre panache de poussières désertiques traverse l’océan Atlantique vers l’ouest et dégrade la qualité de l’air en Martinique et en Guadeloupe ;
  • les feux de forêt qui sévissent au Canada génèrent des panaches chargés en aérosols qui ont atteint l’Europe ces derniers jours.

Les concentrations d’ozone vont être soutenues sur la moitié sud du pays pour la journée du 11 juin. Dans les jours suivants, la moitié Est ainsi que l’Ile de France (pour le vendredi 13 juin) pourraient être également concernées. Les prévisions n’annoncent pas encore de dépassements généralisés du seuil d’information et recommandation de 180µg/m3 pour l’ozone, mais le risque reste élevé sur les régions du sud-est aujourd’hui. Les cartes en Figure 1 illustrent les maximums journaliers d’ozone prévus pour aujourd’hui, demain et après-demain. Une carte à J+3 est également fournie à titre indicatif (avec indice de confiance plus limité), pour disposer d’une tendance sur l’évolution.

Un panache chargé en poussières désertiques provenant d’Afrique du Nord survolera la moitié sud de la France d’ouest en est entre mercredi 11 juin et vendredi 13 juin. L’effet à la surface devrait être notable sur la Nouvelle Aquitaine et l’Occitanie mercredi 11 juin. Jeudi et vendredi, l’impact sera plus important sur les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Cette situation est illustrée sur la Figure 2 pour la journée du 11 juin.

Les poussières désertiques sont aussi responsables de dépassements du seuil d’information et recommandation pour les PM10 de 50 µg/m3 en Guadeloupe et en Martinique ces derniers jours. Cette situation devrait perdurer jusqu’au vendredi 13 juin. Cette situation est illustrée sur la Figure 3 pour les journées du 11 et 12 juin.

Les feux de forêt au Canada émettent de grandes quantités de particules dans l’atmosphère dont une partie a traversé l’Atlantique nord pour survoler l’Europe depuis dimanche 8 juin. Après avoir été détectés au-dessus de la France à 3-5 kilomètres d’altitude, ces couches chargées en aérosols sont progressivement descendues à la surface. La qualité de l’air a été affectée à partir de la mi-journée du lundi 9 juin. Les premières estimations indiquent une augmentation de l'ordre de 5 à 15 µg/m3 des concentrations de particules (PM10) à la suite du passage du panache, mais un effet plus important n’est pas à exclure, notamment en région montagneuse.
 

En savoir plus sur les typologies d’épisodes de pollution

L’ozone est un polluant secondaire qui se forme à partir des transformations chimiques des oxydes d’azote et des composés organiques volatils principalement émis par le trafic routier et les activités industrielles. Le couvert végétal peut aussi être une source naturelle de composés organiques volatils plus ou moins importante selon les essences et les conditions météorologiques. La formation de l’ozone est un phénomène photochimique qui s’active sous l’effet de températures élevées et d’un rayonnement solaire important. Certaines zones géographiques sont donc plus exposées que d’autres. Ces processus se développant à grand échelle, des niveaux élevés de concentrations peuvent également être observés en zone rurale.

Des soulèvements de poussières désertiques sahariennes peuvent survenir à n’importe quelle période de l’année lorsque des noyaux dépressionnaires stagnent à l’ouest de la méditerranée, entre l’Afrique et l’Europe. Ces conditions permettent des soulèvements de sables sahariens et leur transport vers l’Europe où ils affectent la qualité de l’air. Des transports au-dessus de l’atlantique vers la région Caraïbes sont aussi fréquents. Il faut noter que de telles intrusions de panaches désertiques peuvent aussi parcourir le pays tout en restant en altitude. Elles auront alors peu d’effet sur les concentrations de surface et ne conduiront pas au déclenchement d’un épisode, même si elles peuvent perturber la visibilité (avec, par exemple, des couchers de soleil colorés), ou conduire à des dépôts de poussière à la surface (constatés sur les véhicules ou sur les massifs montagneux).

Sous l’effet des fortes chaleurs, des feux de forêt importants peuvent se déclarer, ce risque étant accru par l’évolution des conditions climatiques et le renforcement des périodes de canicules et de sécheresses. Ces événements émettent des particules et des précurseurs de particules en grande quantité qui peuvent dégrader la qualité de l’air. Les feux émettent également des précurseurs d’ozone pouvant localement induire une hausse des concentrations d’ozone. Ces polluants issus des feux peuvent aussi être transportés et impacter la qualité de l’air à des distances très éloignées.