Réduction de la pollution à l’ozone : état des lieux

Les niveaux de concentrations d’ozone enregistrés ces dernières années sont moins élevés que les valeurs que l’on observait dans les années 2000, avec des conditions météorologiques similaires. C’est un fait établi qui s’explique par les baisses des émissions de précurseurs (oxydes d’azote et composés organiques volatils notamment), engagés depuis près de 20 ans en Europe.

Politique de réduction des émissions : une efficacité démontrée sur les pics d’ozone

Dans le cadre de ses travaux d’appui au ministère en charge de l’Environnement, l’Ineris a supervisé une étude sur les tendances de pollution de l’air. Ce rapport a été réalisé en vue des négociations menées dans le cadre de la Convention de la Commission Economique pour L’Europe des Nations Unies (CEE-NU) sur le transport de la pollution atmosphérique à longue distance (CLRTAP).

La tendance déclinante des pics d’ozone estivaux est illustrée de même que la relative stagnation de la moyenne annuelle, en dépit des politiques volontaristes de réduction des émissions. Le rapport montre que l’évolution des niveaux d’ozone n’est pas en proportion avec celle des émissions de précurseurs. A titre d’exemple, les politiques de réduction des émissions de précurseurs mais aussi la crise économique de 2008 ont contribué à réduire les émissions d’oxydes d’azote, de plus 50% en Europe depuis 1990.

 

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Tendances  d’indicateurs d’ozone (pics estivaux en rouge et moyenne annuelle en noir) en Europe de 2000 à 2015

 

Les simulations réalisées par l’Ineris avec le modèle de chimie-transport CHIMERE, que l’Institut co-développe avec le CNRS, montrent que des gains substantiels sont encore possibles en France sur les pics de pollution à l’ozone d’ici 2030, avec une mise en œuvre de stratégies de réduction des émissions discutées dans le cadre des négociations européennes sur révision de la Directive « NEC » (National Emission Ceilings, 2001/81/CE).

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Moyennes des pics estivaux d’ozone simulés par l’Ineris avec le modèle CHIMERE en France : pour la situation actuelle (à gauche), avec les scénarios 2030 (à droite).

 

L’impact de la pollution à l’ozone, un sujet toujours préoccupant

Malgré un signal très positif sur les niveaux les plus élevés, la baisse des concentrations de fond d’ozone (par exemple les moyennes estivales), reste faible. Cela reste un sujet de préoccupation, notamment au regard de la santé et de l’exposition des écosystèmes. Les études de santé sur les effets de l’ozone montrent que ceux-ci se manifestent à des concentrations peu élevées qui correspondraient aux niveaux de fond. Afin d’adapter les objectifs de réduction des émissions de précurseurs de l’ozone à ces nouvelles données, les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandent d’utiliser un nouvel indicateur sanitaire, qui n’est pas un indicateur réglementaire, appelé SOMO35. Cet indicateur correspond au nombre cumulé des maxima journaliers de moyennes sur 8 heures des concentrations d’ozone supérieures au seuil de 70 ug/m3. Un rapide retour sur la situation de l’été 2019 montre que ce seuil a été largement dépassé sur l’ensemble du pays, laissant présager de possibles conséquences sur la santé et les écosystèmes, induisant également des coûts économiques.

L’Ineris a également mené en 2014 une étude économique sur les coûts de la pollution atmosphérique et sur les bénéfices monétaires induits par les stratégies de lutte. Elle prend en compte les effets de l’ozone et des particules fines sur la mortalité (nombre de morts prématurées) et sur la morbidité. Même si les coûts induits par l’exposition à l’ozone sont moins élevés que ceux liés à l’exposition aux particules fines, l’étude montre néanmoins que l’impact existe et ne se résorbe pas significativement dans le futur. De nouveaux travaux ont été conduits à l’Ineris, en coopération avec l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), dans le cadre du programme Primequal, financé par l’Ademe et le ministère en charge de l’Environnement, pour évaluer l’impact de l’ozone sur les rendements agricoles en France et les coûts que cela induit. A titre d’exemple, en 2010, la perte de rendement pour le blé tendre en France est estimée à 15%.