Identification

Numero CAS

1066-51-9

Nom scientifique (FR)

AMPA

Nom scientifique (EN)

(Aminomethyl)phosphonic Acid

Autres dénominations scientifiques (FR)

Acide (aminométhyl)phosphonique

Autres dénominations scientifiques (Autre langues)

(Aminomethyl)phosphonate ; Aminomethanephosphonic acid ; Phosphonic acid, (aminomethyl)-

Dénominations d'usage / Noms commerciaux

AMPA

Code EC

Code SANDRE

Numéro CIPAC

Formule chimique brute

\(\ce{ CH6NO3P }\)

Code InChlKey

MGRVRXRGTBOSHW-UHFFFAOYSA-N

Code SMILES

O=P(CN)(O)O

Classement transport

Classification CLP

Mentions de danger

Méthodes analytiques

Introduction

Air

Eau

Sol

Autres milieux

Programmes

Généralités

Poids moléculaire

111.04 g/mol

Tableau des paramètres

Tableau des paramètres
Nom de valeur Valeur Température Pression Granulométrie Humidité Norme / Ligne directrice Méthode Commentaire Source
Point de fusion 300 °C INERIS
Coefficient de partage octanol/eau (Log Kow) -2.17 - INERIS
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Matrices

Atmosphère

Milieu eau douce

Volatilisation :

D'après la constante de Henry (1,27.10-10 Pa.m3.mol-1), l'AMPA n'a pas tendance à se volatiliser.

Milieu eau de mer

Milieu sédiment eau douce

Adsorption :

D'après les valeurs de Koc compris entre 1160 et 24800 L.kg-1, la substance est adsorbable. L'adsorption de l'AMPA n'est pas clairement liée à la teneur en matière organique. (E.C., 2002 Traas et Smit, 2003)

Milieu sédiment marin

Milieu terrestre

Tableau des paramètres
Nom de valeur Valeur Température Pression Granulométrie Humidité Norme / Ligne directrice Méthode Commentaire Source
Coefficient de partage carbone organique/Eau (Koc) 8027 L.kg-1 Expérimentation FOOTPRINT
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Persistance

Biodégradabilité

Biodégradabilité :

Dans deux systèmes eau / sédiments les valeurs suivantes sont reportées :

  • Il reste entre moins de 1% et 4% d'AMPA dans l'eau, après 100 j.
  • Il reste entre 20 et 32% d'AMPA dans les sédiments, après 100 j (E.C., 2002)

Dégradabilité abiotique

Hydrolyse :

Pas d'information disponible.

Photolyse :

Pas d'information disponible.

Atmosphère

Milieu eau douce

Milieu eau de mer

Milieu sédiment eau douce

Milieu sédiment marin

Milieu terrestre

Conclusion sur la persistance

Bioaccumulation

Organismes aquatiques

Organismes terrestres

Organismes sédimentaires

Conclusion sur la bioaccumulation

Bioaccumulation :

Une seule valeur estimée par QSAR (= 3,162) est disponible. Ce résultat suggère que la bioconcentration de l'AMPA chez les organismes aquatiques est faible.

Un BCF de 3,162 est utilisé dans la détermination des normes de qualité.
En l'absence de BMF mesuré, le document guide technique européen pour la dérivation des NQE recommande l'utilisation des valeurs par défaut suivantes pour ce qui est de la prise en compte de la biomagnification : BMF1= BMF2= 1.
(US-EPA, 2008)

Introduction

Toxicocinétique

Equivalents biosurveillance

Toxicité aiguë

Toxicité à dose répétées

Effets généraux

Effets cancérigènes

Effets génotoxiques

Effets sur la reproduction

Effets sur le développement

Autres Effets

Valeurs accidentelles

Valeurs seuils de toxicité aigüe françaises

Autres seuils accidentels

Valeurs réglementaires

Valeurs guides

Valeurs de référence

Introduction

VGE/NQE Importer

Ce chapitre traite de la toxicité chronique induite par la substance sur l'homme soit via la consommation d'organismes aquatiques contaminés, soit via l'eau de boisson.

Dans les tableaux ci-dessous, ne sont reportés pour chaque type de test que les résultats permettant d'obtenir les NOEC ou la valeur toxicologique de référence (VTR) les plus protectrices. Compte tenu du mode d'exposition envisagée, seuls les tests sur mammifères exposés par voie orale (dans l'alimentation ou par gavage) ont été recherchés.

Toutes les données présentées ont été validées.

Les résultats de toxicité sont principalement donnés sous forme de doses journalières : NOAEL (No Observed Adverse Effect Level), ou LOAEL (Lowest Observed Adverse Effect Level). NOAEL et LOAEL sont exprimées en termes de quantité de substance administrée par unité de masse corporelle de l'animal testé, et par jour.

Pour l'évaluation des effets sur la santé humaine, seuls les résultats sur mammifères sont considérés comme pertinents. Contrairement à l'évaluation des effets pour les prédateurs, les effets de type cancérigène ou mutagène sont également pris en compte.

Aucune VTR propre à l'AMPA n'étant disponible, une estimation a été faite à partir du résultat de l'essai 28 jours sur rats réalisé à partir de l'AMPA.

Type de test

NOAEL/LOAEL

mg/kgcorporel/j]

Source

Valeur toxicologique de

référence (VTR)

[μg/kgcorporel/j]

Toxicité Subaiguë

/subchronique

Rats

Durée : 28 jours

Administration orale

via l’alimentation (0 -

10 - 100 – 350 – 1000

mg/kg/j d’AMPA)

Effets :

augmentation du

poids des reins chez

les mâles aux deux

plus fortes doses

testées. Diminution

de la prise de poids

chez les femelles à

la plus forte dose

testée.

100

Heath et

al., 1993

cité dans

JMPR,

2004

Aucune VTR disponible

Estimation de la VTR :

100

Facteur d’incertitude utilisé :

1000

- interespèces 10

- intraespèces 10

- Subaiguë_

Subchronique et

subchronique -> vie

entière : 3 x 3

(Arrondi à 10)

Toxicité

chronique

Rat SD

(50/sexe/dose)

Durée : 26 mois

Administration orale

via l’alimentation

0 - 3 - 10 - 32 mg/kg

de glyphosate

Effets : Pas d'effet

systémique

(évaluation clinique,

poids corporel,

biochimie,

hématologie, examen

macroscopique des

organes)

32

(Glyphosate)

Bio/Dynami

cs

Inc.,

1981a, cité

dans OMS

(2008) (1)

VTR fondée sur un essai

réalisé avec du glyphosate :

300(2)

Facteur d’incertitude utilisé :

100

- interespèces 10

- intraespèces 10

(1) Cette VTR a été déterminée par l'OMS (2008), valeur guide pour l'eau de boisson, elle est toujours retenue lors de la révision de 2011.

(2)L'OMS a retenu la VTR élaborée pour le glyphosate pour l'AMPA, produit de dégradation du glyphosate, de structure et de profil toxicologique similaires. Cependant, des études sur le métabolisme du glyphosate chez les animaux de laboratoire montrent que l'essentiel n'est pas biotransformé en AMPA. Le JMPR (OMS) a toutefois conclu que les deux composés ont les mêmes profils toxicologiques et a estimé qu'une base de données complète sur l'AMPA est inutile. AMPA est considéré comme ne présentant pas un niveau de préoccupation plus important que celui de sa molécule mère (OMS, 2005 • document support à l'élaboration de la VG, WHO/SDE/WSH/03.04/97).

Les normes de qualité pour la santé humaine via la consommation des produits de la pêche et d'eau de boisson seront déterminées à partir de la VTR la plus sécuritaire à savoir, l'estimation de VTR calculée sur la base de résultats d'essais réalisés avec l'AMPA à 100 µg/kgcorporel/j. 

Valeurs de l'ANSES et/ou de l'INERIS

Autres valeurs des organismes reconnus

Introduction

Evaluations existantes :

  • Rapport RIVM Environmental Risk Limits for aminomethylphosphonic acid (AMPA) (Traas et Smit, 2003).
  • E.C.(2002). Review report for the active substance glyphosate.

Critères PBT / POP :

La substance n'est pas cité dans les listes PBT/vPvB1 (C.E., 2006) ou POP2 (PNUE, 2001).

Normes de qualité existantes :

Allemagne : norme de qualité pour la vie aquatique générale = 96 µg.L-1 (ETOX, 20073)

Substance(s) associée(s) :

Métabolite du glyphosate
Métabolite de phosphonates

[1] Les PBT sont des substances persistantes, bioaccumulables et toxiques et les vPvB sont des substances très persistantes et très bioaccumulables. Les critères utilisés pour la classification des PBT sont ceux fixés par l'Annexe XIII du règlement n° 1907/2006 (REACH).

[2] Les Polluants Organiques Persistants (POP) sont des substances persistantes (aux dégradations biotiques et abiotiques), fortement liposolubles (et donc fortement bioaccumulables), et volatiles (et peuvent donc être transportées sur de longues distances et être retrouvée de façon ubiquitaire dans l'environnement). Les critères utilisés pour la classification POP sont ceux fixés par l'Annexe 5 de la Convention de Stockholm placée sous l'égide du PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement).

[3] Les données issues de cette source (http://webetox.uba.de/webETOX/index.do) ne sont données qu'à titre indicatif ; elles n'ont donc pas fait l'objet d'une validation par l'INERIS.

Dangers

Description

Dans les tableaux ci-dessous, sont reportés pour chaque taxon, uniquement les résultats des tests d'écotoxicité montrant la plus forte sensibilité à la substance. Toutes les données présentées ont fait l'objet d'une validation.

Ces résultats d'écotoxicité sont principalement exprimés sous forme de NOEC (No Observed Effect Concentration), concentration sans effet observé, d'EC10 concentration produisant 10% d'effets et équivalente à la NOEC, ou de EC50, concentration produisant 50% d'effets. Les NOEC sont principalement rattachées à des tests chroniques, qui mesurent l'apparition d'effets sub-létaux à long terme, alors que les EC50 sont plutôt utilisées pour caractériser les effets à court terme.

Organisme

Espèce

Critère d'effet

Valeur [mg/L]

Validité

Source

Algues             & plantes aquatiques

Eau douce

Scenedesmus subspicatus

ErC50 (72h)

452

Valide

Traas et Smit, 2003

Milieu marin

Pas d’information disponible

Invertébrés

Eau douce

Daphnia magna

EC50 (48h)

691

Valide

Traas et Smit, 2003

Milieu marin

Pas d’information disponible

Sédiment

Pas d’information disponible

Eau douce

Oncorhynchus mykiss

LC50 (96h)

520

Valide

Traas et Smit, 2003

Milieu marin

Pas d’information disponible.

Organisme

Espèce

Critère d'effet

Valeur [mg/L]

Validité

Source

Algues             & plantes aquatiques

Eau douce

Scenedesmus subspicatus

NOErC

(72h)

8,3

Valide

Ctgb (NL pesticides)

(2001)

Giesy et al (2000)

Milieu marin

Pas d’information disponible

Invertébrés

Eau douce

Pas d’information disponible

Milieu marin

Pas d’information disponible

Sédiment

Pas d’information disponible

Poissons

Eau douce

Pas d’information disponible

Milieu marin

Pas d’information disponible

Ce chapitre traite de la toxicité chronique induite par la substance sur les prédateurs via la consommation d'organismes aquatiques contaminés (appelés biote, i.e. poissons ou invertébrés vivant dans la colonne d'eau ou dans les sédiments). Il s'agit donc d'évaluer la toxicité chronique de la substance par la voie d'exposition orale uniquement.

Dans les tableaux ci-dessous, ne sont reportés pour chaque type de test que les résultats permettant d'obtenir les NOEC ou la valeur toxicologique de référence (VTR) les plus protectrices. N'ont été recherchés que des tests sur mammifères ou oiseaux exposés par voie orale (exposition par l'alimentation ou par gavage). Toutes les données présentées ont été validées.

Les résultats de toxicité sont principalement donnés sous forme de doses journalières : NOAEL (No Observed Adverse Effect Level), ou LOAEL (Lowest Observed Adverse Effect Level). NOAEL et LOAEL sont exprimées en termes de quantité de substance administrée par unité de masse corporelle de l'animal testé, et par jour.

Pour calculer la norme de qualité liée à l'empoisonnement secondaire des prédateurs, il est nécessaire de connaître la concentration de substance dans le biote n'induisant pas d'effets observés pour les prédateurs (exprimée sous forme de NOEC). Il est possible de déduire une NOEC à partir d'une NOAEL grâce à des facteurs de conversion empiriques variables selon les espèces testées. Les facteurs utilisés ici sont ceux recommandés par le guide technique européen pour la détermination de normes de qualité (E.C., 2011). Les valeurs de ces facteurs de conversion dépendent de la masse corporelle des animaux et de leur consommation journalière de nourriture. Celles-ci peuvent donc varier d'une façon importante selon le niveau d'activité et le métabolisme de l'animal, la valeur nutritive de sa nourriture, etc. En particulier elles peuvent être très différentes entre un animal élevé en laboratoire et un animal sauvage.

Afin de couvrir ces sources de variabilité, mais aussi pour tenir compte des autres sources de variabilité ou d'incertitude (variabilité inter et intra-espèces, extrapolation du court terme au long terme, etc.) des facteurs d'extrapolation sont nécessaires pour le calcul de la QSbiota sec pois. Les valeurs recommandées pour ces facteurs d'extrapolation sont données dans le guide technique européen (E.C., 2011). Un facteur d'extrapolation supplémentaire (AFdose-réponse) est utilisé dans le cas où la toxicité a été établie à partir d'une LOAEL plutôt que d'une NOAEL.

Les données obtenues sur les mammifères terrestres et les oiseaux, utilisées pour la détermination des valeurs guides pour la protection des prédateurs vis-à-vis de l’empoisonnement secondaire, sont répertoriées dans les tableaux ci-dessous.

(1) NOAEL : No Observed Adverse Effect Level

Aucune étude de toxicité chronique n'a été effectuée avec l'AMPA.

Valeurs de danger

Synthèse

Biote

Valeurs écotoxicologiques

Introduction

Dans cette rubrique, sont reportées des valeurs de référence pour la protection des écosystèmes aquatiques et de la santé humaine via l’environnement.

Elles peuvent avoir un statut de « Valeur réglementaire » si elles sont issues

  1. de réglementations européennes et issues par exemple de dossiers d’évaluation des risques dans le cadre de processus d’autorisation de mise sur le marché des substances chimiques (c’est le cas des Concentrations Prédites Sans Effet pour l’environnement (PNEC) issues des dossiers réglementaires sous REACh ou dans le cas de la réglementation des produits biocides) ou issues de « Normes de Qualité Environnementale » (NQE) de la Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE) ;
  2. de réglementations françaises telles que les arrêtés de mise en application de la DCE à l’échelle nationale.

Elles peuvent être des « Valeurs guides » lorsque ce sont des propositions scientifiques de l’INERIS qui ne sont pas reportées dans des textes réglementaires. C’est le cas de toutes les valeurs établies par l’INERIS pour guider l’évaluation de la qualité des milieux aquatiques pour les substances qui n’ont pas, ou pas encore, un statut réglementaire dans le contexte de la DCE.
Les « Valeurs Guides Environnementales » (VGE) et les « Normes de Qualité Environnementale » (NQE) sont les outils consacrés pour l’évaluation de la qualité des eaux de surface, dont l’établissement est basé sur une même méthodologie européenne dédiée (E.C., 2018).
Leur construction, d’un point de vue méthodologique, est donc similaire.

Valeurs guides

Description

Les normes de qualité pour les organismes de la colonne d'eau sont calculées conformément aux recommandations du guide technique européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011). Elles sont obtenues en divisant la plus faible valeur de NOEC ou d'EC50 valide par un facteur d'extrapolation (AF, Assessment Factor).

La valeur de ce facteur d'extrapolation dépend du nombre et du type de tests pour lesquels des résultats valides sont disponibles. Les règles détaillées pour le choix des facteurs sont données dans le guide technique européen (E.C., 2011).

En ce qui concerne les organismes marins, selon guide technique pour la détermination de normes de qualité environnementales (E.C., 2011), la sensibilité des espèces marines à la toxicité des substances organiques peut être considérée comme équivalente à celle des espèces dulçaquicoles, à moins qu'une différence ne soit montrée.

  • Moyenne annuelle (AA-QSwater_eco et AA-QSmarine_eco) :

Une concentration annuelle moyenne est déterminée pour protéger les organismes de la colonne d'eau d'une possible exposition prolongée.

Pour l'AMPA, on dispose de données aiguës valides pour 3 niveaux trophiques et d'une seule donnée chronique (algues). Conformément au guide technique européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011), la AA-QSwater_eco est déterminée en appliquant un facteur de sécurité de 1000 sur la plus faible donnée aigue disponible soit, l'EC50 à 452 mg.L-1 obtenue chez Scenedesmus subspicatus. L'INERIS propose donc la valeur suivante :

En ce qui concerne les organismes marins, aucune donnée n'est disponible. Le jeu de données disponible ne permet donc pas de mettre en évidence une différence de sensibilité entre les espèces marines et dulçaquicoles. Pour le milieu marin, le facteur d'extrapolation appliqué doit prendre en compte les incertitudes additionnelles telles que la sous-représentation des taxons clés et une diversité d'espèces plus importante. Par conséquent et conformément au guide technique européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011), un facteur d'extrapolation de 10 000 est appliqué sur la plus faible donnée aigue disponible soit, l'EC50 à 452 mg.L-1 obtenue chez Scenedesmus subspicatus, pour déterminer la AA-QSmarine_eco. L'INERIS propose donc la valeur suivante :

  • Concentration Maximum Acceptable (MAC et MACmarine) :

La concentration maximale acceptable est calculée afin de protéger les organismes de la colonne d'eau de possibles effets de pics de concentrations de courtes durées (E.C., 2011). Pour l'AMPA, on dispose de données aiguës valides pour les 3 niveaux trophiques. Par défaut, un facteur d'extrapolation de 100 s'applique pour calculer la MAC. Selon le document guide technique européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011), pour les substances qui n'ont pas de mode d'action spécifique et pour lesquelles les données disponibles montrent que la variation interspécifique est faible, le facteur peut être diminué. Pour l'AMPA, l'écart-type des valeurs log de L(E)C50 est < 0.5 et cette variation peut être considérée comme faible. Un facteur d'extrapolation de 10 s'applique pour calculer la MAC. L'INERIS propose donc la valeur suivante :

En ce qui concerne les organismes marins, aucune donnée n'est disponible. Le jeu de données disponible ne permet donc pas de mettre en évidence une différence de sensibilité entre les espèces marines et dulçaquicoles. Pour le milieu marin, le facteur d'extrapolation appliqué doit prendre en compte les incertitudes additionnelles telles que la sous-représentation des taxons clés et une diversité d'espèces plus importante. Pour les mêmes raisons que sus citées et conformément au guide technique européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011), un facteur d'extrapolation de 100 est appliqué pour déterminer la MACmarine. L'INERIS propose donc la valeur suivante :

Proposition de norme de qualité pour les organismes de la colonne d’eau (eau douce)

Moyenne annuelle [AA-QSwater_eco]

452

µg/L

Concentration Maximum Acceptable [MAC] *

45 200*

µg/L

Proposition de norme de qualité pour les organismes de la colonne d’eau (eau marine)

  

 

Moyenne annuelle [AA-QSmarine_eco]

45.2

µg/L

Concentration Maximum Acceptable [MACmarine_eco] *

4 520*

µg/L

*Compte tenu de la production non intentionnelle de la molécule, la question de la pertinence de la MAC se pose.

Un seuil de qualité dans le sédiment est nécessaire (i) pour protéger les espèces benthiques et (ii) protéger les autres organismes d'un risque d'empoisonnement secondaire résultant de la consommation de proies provenant du benthos. Les principaux rôles des normes de qualité pour les sédiments sont de :

  1. Identifier les sites soumis à un risque de détérioration chimique (la norme sédiment est dépassée)
  2. Déclencher des études pour l'évaluation qui peuvent conduire à des études plus poussées et potentiellement à des programmes de mesures
  3. Identifier des tendances à long terme de la qualité environnementale (Art. 4 Directive 2000/60/CE) (C.E., 2000).

Aucune information d'écotoxicité pour les organismes benthiques n'a été trouvée dans la littérature pour les organismes aquatiques.

A défaut, une valeur guide pour le sédiment peut être calculée à partir du modèle de l'équilibre de partage.

Ce modèle suppose que :

  • il existe un équilibre entre la fraction de substances adsorbées sur les particules sédimentaires et la fraction de substances dissoutes dans l'eau interstitielle du sédiment,
  • la fraction de substances adsorbées sur les particules sédimentaires n'est pas biodisponible pour les organismes et que seule la fraction de substances dissoutes dans l'eau interstitielle est susceptible d'impacter les organismes,
  • la sensibilité intrinsèque des organismes benthiques aux toxiques est équivalente à celle des organismes vivant dans la colonne d'eau. Ainsi, la norme de qualité pour la colonne d'eau peut être utilisée pour définir la concentration à ne pas dépasser dans l'eau interstitielle.

Une valeur guide de qualité pour le sédiment peut être alors calculée selon l'équation suivante (E.C., 2011) :

RHOsed : masse volumique du sédiment en [Kgsed.m-3sed]. En l'absence d'une valeur exacte, la valeur générique proposée par le document guide technique européen (E.C., 2011) est utilisée : 1300 kg.m-3 .

Ksed-eau : coefficient de partage sédiment/eau en m3/m3 . En l'absence d'une valeur exacte, les valeurs génériques proposées par le guide technique européen (E.C., 2011) sont utilisées. Le coefficient est alors calculé selon la formule suivante : 0,8 + 0,025 * Koc soit Ksed-eau = 30 • 621 m3/m3

Pour l'AMPA, on obtient :

La concentration correspondante en poids sec peut être estimée en tenant compte du facteur de conversion suivant :

Avec :

Fsolidesed : fraction volumique en solide dans les sédiments en [m3solide/m3susp]. En l'absence d'une valeur exacte, la valeur générique proposée par le document guide technique européen (E.C., 2011) est utilisée : 0,2 m3/m3 .

RHOsolide : masse volumique de la partie sèche en [kgsolide/m3solide]. En l'absence d'une valeur exacte, la valeur générique proposée par le document guide technique européen (E.C., 2011) est utilisée : 2500 kg.m-3 .

Pour l'AMPA, la concentration correspondante en poids sec est :

QSsed dry weight = QSsed wet weight * 2,6 = 27 120 -561 384 µg.kg-1sed poids sec

Selon la même approche que pour le sédiment d'eau douce, une valeur guide de qualité pour le sédiment marin peut être calculée selon la formule suivante :

Pour l'AMPA, on obtient :

QSsed-marin wet weight = 1 043 • 21 591 µg.kg-1poids humide

La concentration correspondante en poids sec est alors la suivante: QSsed-marin dry weight = 2 712 • 56 138 µg.kg-1sed poids sec

Le log Kow de la substance étant inférieur à 5, un facteur additionnel de 10 n'est pas jugé nécessaire.

Il faut rappeler que les incertitudes liées à l'application du modèle de l'équilibre de partage sont importantes. Les sédiments naturels peuvent avoir des propriétés très variables en termes de composition (nature et quantité de matières organiques, composition minéralogique), de granulométrie, de conditions physico-chimiques, de conditions dynamiques (taux de déposition/taux de resuspension). Par ailleurs ces propriétés peuvent évoluer dans le temps en fonction notamment des conditions météorologiques et de la morphologie de la masse d'eau. Si bien que le partage entre la fraction de substance adsorbée et la fraction de substance dissoute peut être extrêmement variable d'un sédiment à un autre et l'hypothèse d'un équilibre entre ces deux fractions ne semble pas très réaliste pour des conditions naturelles.

Par ailleurs, certains organismes benthiques peuvent ingérer les particules sédimentaires, et donc être contaminés par la fraction de substance adsorbée sur ces particules, ce qui n'est pas pris en compte par la méthode.

La norme de qualité pour l'empoisonnement secondaire (QSbiota sec pois) est calculée conformément aux recommandations du guide technique européen (E.C., 2011). Elle est obtenue en divisant la plus faible valeur de NOEC valide par les facteurs d'extrapolation recommandés (E.C., 2011).

Pour l'AMPA, un facteur de 300 est appliqué car la durée du test retenu (NOEC à 2000 mg.kg-1biota sur le rat) est de 28 jours. On obtient donc :

Cette valeur de norme de qualité pour l'empoisonnement secondaire peut être ramenée :

  • à une concentration dans l'eau douce selon la formule suivante :
  • à une concentration dans l'eau marine selon la formule suivante :

Avec :
BCF : facteur de bioconcentration,

1 BMF: facteur de biomagnification,
2 BMF: facteur de biomagnification additionnel pour les organismes marins.

Ce calcul tient compte du fait que la substance présente dans l'eau du milieu peut se bioaccumuler dans le biote. Il donne la concentration à ne pas dépasser dans l'eau afin de respecter la valeur de la norme de qualité pour l'empoisonnement secondaire déterminée dans le biote.

La bioaccumulation tient compte à la fois du facteur de bioconcentration (BCF, ratio entre la concentration dans le biote et la concentration dans l'eau) et du facteur de biomagnification (BMF, ratio entre la concentration dans l'organisme du prédateur en bout de chaîne alimentaire, et la concentration dans l'organisme de la proie au début de la chaîne alimentaire). En l'absence de valeurs mesurées pour le BMF1 et le BMF2, celles-ci peuvent être estimées à partir du BCF selon le guide technique européen (E.C., 2011).

Ce calcul n'est donné qu'à titre indicatif. Il fait en effet l'hypothèse qu'un équilibre a été atteint entre l'eau et le biote, ce qui n'est pas véritablement réaliste dans les conditions du milieu naturel. Par ailleurs il repose sur un facteur de bioaccumulation qui peut varier de façon importante entre les espèces considérées.

Pour l'AMPA, un BCF de 3,162 (estimée US-EPA, 2008) et un BMF1 = BMF2 de 1 (cf.E.C., 2011) ont été retenus. On a donc :

QSmarin_sp = 6,6 [mg.kg-1biota] / (3,162 * 1 * 1) = 2,1 mg.L-1

Proposition de norme de qualité pour l’empoisonnement secondaire des prédateurs 

6 600

µg/kgbiota

valeur correspondante dans l’eau (douce et marine)

2 100

µg/L

La norme de qualité pour la santé humaine est calculée de la façon suivante (E.C., 2011) :

Ce calcul tient compte de :

  • un facteur correctif de 10% (soit 0.1) : la VTR donnée ne tient compte en effet que d'une exposition par voie orale, et pour la consommation de produits de la pêche uniquement. Mais la contamination peut aussi se faire par la consommation d'autres sources de nourriture, par la consommation d'eau, et d'autres voies d'exposition sont possibles (inhalation ou contact cutané). Le facteur correctif de 10% (soit 0.1) permet de rendre l'objectif de qualité plus sévère d'un facteur 10 afin de tenir compte de ces autres sources de contamination possibles.
  • la valeur toxicologique de référence (VTR), correspondant à une dose totale admissible par jour ; pour cette substance elle sera considérée égale à 100 µg/kgcorporel/j (cf. tableau ci-dessus),
  • un poids corporel moyen de 70 kg,
  • Fsécurité : facteur de sécurité supplémentaire pour tenir compte des potentiels effets CMR ou de perturbation endocrine de la substance. L'AMPA ne présentant aucune de ces propriétés, aucun facteur n'est appliqué,
  • Cons. Journ. Moy : une consommation journalière moyenne de produits de la pêche (poissons, mollusques, crustacés) égale à 115 g par jour.

Ce calcul n'est donné qu'à titre indicatif. Il peut être inadapté pour couvrir les risques pour les individus plus sensibles ou plus vulnérables (masse corporelle plus faible, forte consommation de produits de la pêche, voies d'exposition individuelles particulières). Le facteur correctif de 10% n'est donné que par défaut, car la contribution des différentes voies d'exposition varie selon les propriétés de la substance (et en particulier sa distribution entre les différents compartiments de l'environnement), ainsi que selon les populations considérées (travailleurs exposés, exposition pour les consommateurs/utilisateurs, exposition via l'environnement uniquement). L'hypothèse cependant que la consommation des produits de la pêche ne représente pas plus de 10% des apports journaliers contribuant à la dose journalière tolérable apporte une certaine marge de sécurité (E.C., 2011).

Pour l'AMPA, le calcul aboutit à :

Comme pour l'empoisonnement secondaire, la concentration correspondante dans l'eau du milieu peut être estimée en tenant compte de la bioaccumulation de la substance :

  • à une concentration dans l'eau douce selon la formule suivante :
  • à une concentration dans l'eau marine selon la formule suivante :

Pour l'AMPA, on obtient donc :

Proposition de norme de qualité pour la santé humaine via la consommation de produits de la pêche

6090

µg/kgbiota

valeur correspondante dans l’eau (douce et marine)

1930

µg/L

En principe, lorsque des normes de qualité dans l'eau de boisson existent, soit dans la Directive 98/83/CE (C.E., 1998), soit déterminées par l'OMS, elles peuvent être adoptées. Les valeurs réglementaires de la Directive 98/83/CE doivent être privilégiées par rapport aux valeurs de l'OMS qui ne sont que de simples recommandations.

Il faut signaler que ces normes réglementaires ne sont pas nécessairement établies sur la base de critères (éco)toxicologiques (par exemple les normes pour les pesticides avaient été établies par rapport à la limite de quantification analytique de l'époque pour ce type de substance, soit 0.1 µg.L-1). La directive 98/83/CE (C.E., 1998), fixe une norme de qualité pour la protection de la santé humaine vis-à-vis de la consommation d'eau potable à 0.1 µg.L-1 pour l'AMPA (produit de dégradation du glyphosate).

A titre de comparaison, la valeur seuil provisoire pour l'eau de boisson est calculée de la façon suivante (E.C., 2011):

Ce calcul tient compte de :

  • la valeur toxicologique de référence (VTR), correspondant à une dose totale admissible par jour ; pour cette substance elle sera considérée égale à 100 µg/kgcorporel/j (cf. tableau ci-dessus),
  • Cons.moy.eau [L.j-1] : une consommation d'eau moyenne de 2 L par jour,
  • un poids corporel moyen de 70 kg,
  • un facteur correctif de 10% (soit 0.1) afin de tenir compte de ces autres sources de contamination possibles.
  • Fsécurité : facteur de sécurité supplémentaire pour tenir compte des potentiels effets CMR ou de perturbation endocrine de la substance. L'AMPA ne présentant aucune de ses propriétés le facteur est ici égale à 1.

L'eau de boisson est obtenue à partir de l'eau brute du milieu après traitement pour la rendre potable. La fraction éliminée lors du traitement dépend de la technologie utilisée ainsi que des propriétés de la substance.

Ainsi, la norme de qualité correspondante dans l'eau brute se calcule de la manière suivante :

En l'absence d'information, on considèrera que la fraction éliminée est nulle et le critère pour l'eau de boisson s'appliquera alors à l'eau brute du milieu. Par ailleurs, on rappellera que ce calcul n'est donné qu'à titre indicatif et peut s'avérer inadéquat pour certaines substances et certaines populations.

Pour l'AMPA, on obtient :

La valeur la plus protectrice, donnée par la directive 98/83/CE (C.E., 1998), est proposée comme norme de qualité pour l'eau destinée à la production d'eau potable.

*L'AMPA est considéré comme un métabolite non pertinent du glyphosate. La directive 98/83/CE considère que pour les métabolites non pertinents la somme des métabolites dans l'eau ne doit pas dépasser 0,75 µg.L-1 (C.E., 1998).

Synthèse

La NQE est définie à partir de la valeur de la norme de qualité la plus protectrice parmi tous les compartiments étudiés.

[*] La VTR l'AMPA utilisée pour les calculs n'est pas considérée robuste mais plus sécuritaire que celle déterminée par l'OMS à partir de données de toxicité du glyphosate

Pour l'AMPA, la valeur pour la protection de la santé humaine via l'eau destinée à la production d'eau potable est la plus faible pour l'ensemble des approches considérées. Pour les eaux qui ne sont pas destinées à la production d'eau potable, c'est la protection des organismes de la colonne d'eau qui est l'objectif de protection déterminant pour les eaux douces et marines.

Avec un koc compris entre 1160 et 24800 L.kg-1, la mise en œuvre d'un seuil pour le sédiment peut être recommandée par le document guide technique européen (E.C., 2011).

Néanmoins, compte tenu de la présence massive de l'AMPA dans l'eau, il semble plus pertinent de préconiser un suivi dans l'eau pour cette substance.

Valeurs réglementaires

Description

Synthèse

Généralités sur les activités endocrines

La substance n'est pas citée dans la stratégie communautaire concernant les perturbateurs endocriniens (E.C., 2004) et dans le rapport d'étude de la DG ENV sur la mise à jour de la liste prioritaire des perturbateurs endocriniens à faible tonnage (Petersen et al., 2007).

Activité Estrogénique

Activité Androgénique

Activité Thyroïdienne

Activité Stéroïdogénique

Autre(s) activité(s)

Valeurs d'activité

Introduction

FTE 2015 Importer

Le glyphosate est utilisé comme herbicide dans le domaine agricole pour contrôler la végétation d'adventices et les plantes toxiques pouvant poser des problèmes de santé publique en interculture ou avant un semis, détruire les couverts végétaux et les prairies. Il est utilisé en viticulture et en arboriculture pour réduire la végétation entre les rangs et aux pieds des plantes. Il est également utilisé par la SNCF pour la gestion de l'enherbement des voies ferrées. Les utilisations non agricoles de glyphosate ont été réduites depuis 2017. En effet pour les personnes publiques1 il est interdit « d'utiliser ou de faire utiliser des produits phytosanitaires pour l'entretien des espaces verts, forêts, promenades et voiries (sauf pour des raisons de sécurité ...) accessibles ou ouverts au public » ainsi que pour les jardiniers amateurs depuis le 1er janvier 2019 (la loi n°2014-110 du 6 février 2014 (dite « loi Labbé »).

Au niveau mondial, la production de glyphosate est en augmentation depuis la fin des années 1990 avec plus d'un million de tonnes de substance active produites en 2017, majoritairement en Chine. Les ventes de glyphosate en France recensées par la BNV-d, sont également en augmentation sur la période 2009-2018. En 2017, les ventes de glyphosate ont représenté environ 30 % du volume total d'herbicides vendus, une part relativement constante depuis 2013 ( Assemblée Nationale, 2018).

Le glyphosate et l'AMPA sont fortement retrouvés dans les eaux de surfaces. En 2017 selon l'ANSES, l'AMPA était le métabolite le plus retrouvé dans les cours d'eau français. Le glyphosate et son métabolite sont en revanche peu retrouvés dans les eaux souterraines. Peu d'études ont été menées à ce jour sur l'étude de la présence du glyphosate dans l'air. Peu d'études ont également été menées concernant le compartiment sol, néanmoins l'étude publiée en 2018 (Silva, et al., 2018) a évalué respectivement à 42% et 21% la présence d'AMPA et de glyphosate dans les sols superficiels agricoles européens.

L'autorisation du glyphosate a été renouvelée en 2017 pour les cinq prochaines années par le règlement d'exécution (UE) 2017/2324 de la Commission Européenne du 12 décembre 2017. Néanmoins « La France s'est engagée à sortir du glyphosate d'ici 2020 pour la plupart des usages, puis pour tous les usages d'ici à 5 ans (2022), en veillant toutefois à ne pas laisser les agriculteurs sans solution» (Commissariat général au développement durable, 2019). Fin 2019, 36 autorisations d'autorisations de mises sur le marché de produits (36) contenant la substance active glyphosate ont été retirées (ANSES, 2019). 

Afin de réduire ou de supprimer les émissions de glyphosate vers l'environnement, il faut réduire ou supprimer son utilisation et pour cela plusieurs solutions sont possibles. A ce jour il n'existe pas une substance pouvant remplacer tous les usages du glyphosate. Les méthodes envisagées portent sur :

  • la substitution de certaines utilisations du glyphosate par d'autres substances chimiques en s'assurant que leur toxicité est plus faible que celle du glyphosate ;
  • la substitution par des méthodes de désherbage thermique ou mécaniques ;
  • l'utilisation de techniques d'application limitant les quantités utilisées et les émissions vers l'environnement ;
  • modification des pratiques agricoles afin de réduire les usages du glyphosate ou de les supprimer.

A ce jour, il semblerait que le travail du sol soit une alternative efficace pour la gestion de la végétation adventice bien que nécessitant plus de main d'œuvre et ayant elle aussi des impacts environnementaux. Dans les cas où ce travail du sol est difficile ou impossible à mettre en place, la sortie du glyphosate s'avèrera compliquée. Ce qui est le cas pour certaines pratiques agricoles comme l'agriculture de conservation du sol, les cultures aux fortes contraintes techniques, et des cultures de niches comme par exemple le rouissage du lin et la culture du tabac (Reboud & al, 2017) …

Le glyphosate est massivement utilisé en France, c'est la deuxième substance active la plus utilisée en France, avec 12 % du total des ventes sur la période 2015-2017 (Commissariat général au développement durable, 2019). Le glyphosate est un herbicide peu onéreux et efficace, dans le cadre agricole il a donc contribué au modelage d'un certain nombre de pratiques actuelles. Ainsi la fin de son utilisation engendrera au moins à court terme des besoins et des difficultés d'adaptation : pour la mise en œuvre de moyens mécaniques chimiques ou manuels pour entretenir la végétation, le développement et l'adaptation à des techniques culturales alternatives.

Glyphosate is used as an agricultural herbicide to control weed vegetation and toxic plants that can cause public health problems in cultivation or before seeding, and to destroy plant cover and grasslands. It is used in viticulture and arboriculture to reduce vegetation in inter-rows and at the foot of the plants. It is also used by SNCF to manage the grassing of railways. Non-agricultural uses of glyphosate have been reduced since 2017. Indeed, for public persons2 it is prohibited to "use or have used phytosanitary products for the maintenance of green spaces, forests, promenades and roads (except for safety reasons...) accessible or open to the public" as well as for amateur gardeners since 1 January 2019 (la loi n°2014-110 du 6 février 2014 (dite « loi Labbé »).

Worldwide, glyphosate production has been increasing since the late 1990s with more than one million active substances produced in 2017, mainly in China. Glyphosate sales in France, recorded by the BNV-d, are also increasing over the 2009-2018 period. In 2017, glyphosate sales represented about 30% of the total volume of herbicides sold, a relatively constant share since 2013 (National Assembly, 2018).

Glyphosate and AMPA are strongly found in surface waters. In 2017, according to ANSES, AMPA was the most common metabolite found in French rivers. Glyphosate and its metabolite, on the other hand, are rarely found in groundwater. Few studies have been conducted to date on the study of glyphosate in air. Few studies have also been conducted on the soil compartment, but the study published in 2018 (Silva, et al., 2018) estimated the presence of AMPA and glyphosate in European agricultural surface soils at 42% and 21% respectively.

The authorisation of glyphosate was renewed in 2017 for the next five years by Commission Implementing Regulation (EU) 2017/2324 of 12 December 2017. Nevertheless, "France has undertaken to phase out glyphosate by 2020 for most uses, and then for all uses within 5 years (2022), while taking care not to leave farmers without a solution" (Commissariat général au développement durable, 2019). By the end of 2019, several marketing authorisations for products (36) containing the active substance glyphosate have not been renewed (ANSES, 2019).

In order to reduce or eliminate glyphosate emissions to the environment, its use must be reduced or eliminated and for this purpose several solutions are possible; substitution by other chemical substances by ensuring that their toxicity is lower than that of glyphosate, substitution by thermal or mechanical weeding methods, the use of application techniques limiting the quantities used and emissions to the environment and the modification of agricultural practices to reduce or eliminate glyphosate uses.

To date, soil tillage is an effective alternative for weed vegetation management, although economically constraining because it is costly in terms of labour and has environmental impacts. In cases where this tillage is difficult or even impossible to implement, the glyphosate output will be complicated. This is the case for certain agricultural practices such as soil conservation agriculture, crops with high technical constraints, and niche crops such as flax retting and tobacco cultivation....

Glyphosate is used on a massive scale in France, it is the second most widely used active substance in France, accounting for 12% of total sales over the period 2015-2017 (Commissariat général au développement durable, 2019). Glyphosate is a low-cost and effective herbicide and has therefore contributed to the modelling of several current agricultural practices in agriculture. Thus, the end of its use will generate at least in the short-term needs and difficulties of adaptation: for the implementation of chemical or manual mechanical means to maintain vegetation, development and adaptation to alternative farming techniques.

[1] État, régions, communes, départements, groupements et établissements publics propriétaires d'un domaine public ou privé

[2] State, regions, municipalities, departments, groups and public institutions owning public or private property

Tableaux de synthèse

Généralités

Généralités
Usages principaux

FTE 2015 Importer

Principal métabolite du glyphosate.

Réglementations

FTE 2015 Importer

Les paragraphes ci-après présentent les principaux textes en vigueur à la date de la rédaction de cette fiche encadrant la fabrication, les usages et les émissions du glyphosate. Cet inventaire n'est pas exhaustif.

Le glyphosate et l'AMPA ne sont pas classés CMR selon le règlement CLP mais font partie de l'inventaire établi par l'ECHA regroupant les substances pouvant répondre aux critères de l'Annexe III de REACH. Le glyphosate et l'AMPA sont susceptibles de remplir les critères de cancérogénicité, de mutagénicité ou de toxicité pour la reproduction des catégories 1A ou 1B.

Le glyphosate est classé potentiellement cancérogène pour les humains (groupe 2A) par l'IARC.

Le glyphosate et l'AMPA ne font pas partie des substances prioritaires listées au niveau européen pour la politique dans le domaine de l'eau citées dans la directive 2013/39/UE du 12/08/2013 modifiant les directives 2000/60/CE et 2008/105/CE.

En revanche, au niveau national, le glyphosate et l'AMPA font partie des substances spécifiques de l'état écologique des eaux de surfaces, annexe II de l'arrêté du 25 janvier 2010 établissant le programme de surveillance de l'état des eaux en application de l'article R. 212-22 du code de l'environnement.

Le règlement (CE) n° 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil du 21 octobre 2009 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques et abrogeant les directives 79/117/CEE et 91/414/CEE du Conseil approuve le glyphosate et le règlement d'exécution (UE) n°540/2011 autorise son utilisation en tant qu'herbicide.

Cette autorisation a été renouvelée en 2017 pour les cinq prochaines années par le règlement d'exécution (UE) 2017/2324 de la Commission Européenne du 12 décembre 2017. Cette autorisation ne mentionne pas les autres formes de glyphosate que la forme principale (CAS n°1071-83-6).

Selon e-phy3 (le catalogue des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France) le glyphosate est présent et autorisé sur le marché français sous les formes chimiques suivantes : glyphosate sel d'isopropylamine, glyphosate sel d'ammonium, glyphosate sel de diammonium, glyphosate sel de diméthylamine. Aucun produit contenant du glyphosate trimesium, glyphosate sel monosodium, glyphosate de potassium ne dispose d'une AMM selon e-phy (consulté le 12/12/2019).

En France, afin de réduire les risques liés à l'utilisation des pesticides pour le grand public, la loi n°2014-110 du 6 février 2014 (dite « loi Labbé ») visant à mieux encadrer l'utilisation des produits phytosanitaires sur le territoire national a interdit, à partir du 1er janvier 2022, la vente aux particuliers ainsi que la détention et l'utilisation par ces derniers, de tous les produits phytopharmaceutiques, à l'exception des produits de biocontrôle, des produits à faible risque et des produits dont l'usage est autorisé dans le cadre de l'agriculture biologique. Cette loi interdit également aux personnes publiques d'utiliser ou de faire utiliser des produits phytosanitaires pour l'entretien des espaces verts, forêts, promenades et voiries accessibles ou ouverts au public.

Cependant, la Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte en a avancé les dates d'application. C'est ainsi, que l'utilisation des pesticides chimiques de synthèse dans les espaces publics (parcs et jardins, forêts, voiries...) est interdite depuis le 1er janvier 2017 ainsi que la vente de pesticides pour les amateurs depuis le 1er janvier 2019.

[3] https://ephy.anses.fr/

Le glyphosate n'est pas utilisé comme biocide au titre du règlement sur les produits biocides (RPB, règlement (UE) n° 528/2012) concernant la mise sur le marché et l'utilisation des produits biocides, qui sont utilisés pour protéger l'homme, les animaux, les matériaux ou les articles contre les organismes nuisibles, tels que les animaux nuisibles et les bactéries, par l'action des substances actives contenues dans le produit biocide.

Le glyphosate et l'AMPA sont cités dans l'annexe III de la note technique du 12/08/16 relative à la recherche de micropolluants dans les eaux brutes et dans les eaux usées traitées de stations de traitement des eaux usées et à leur réduction (STEU).

Le glyphosate et l'AMPA font partie des substances recherchées en amont et en aval des stations traitées par l'action RSDE STEU realisée depuis 2018 (Ministère de l'environnement, 2015). Les résultats de cette étude ne sont en 2019, pas disponibles car l'étude est toujours en cours. La précédente action RSDE STEU menée entre 2011 et 2013 n'avait pas pris en compte ni le glyphosate ni l'AMPA.

Le glyphosate et l'AMPA sont cités dans la liste des micropolluants de l'analyse régulière du contrôle de surveillance de l'état chimique des eaux souterraines : arrêté du 25 janvier 2010 établissant le programme de surveillance de l'état des eaux.

Les limites maximales pour les résidus (LMR) de glyphosate présent dans ou sur les denrées alimentaires sont reportés dans l'annexe II du règlement (CE) n° 396/2005 du Parlement européen et du Conseil du 23 février 2005. Certaines LMR de l'annexe II ont été modifiées par le règlement (UE) N° 441/2012 et par le règlement (UE) N°293/2013. Les teneurs en glyphosate par produit alimentaire sont comprises entre 0,05 mg/kg (viande, miel, escargots…) et 50mg/kg (champignons sauvages).

Classification CLP Voir la classification CLP
Valeurs et normes appliquées en France

FTE 2015 Importer

Les substances glyphosate et AMPA sont visées par la règlementation des installations classées pour la protection de l'environnement. En règle générale les installations relevant du régime d'autorisation ou d'enregistrement doivent respecter une valeur limite de rejet de 28 μg.l-1 pour le glyphosate et de 450 μg.l-1 pour l'AMPA pour les eaux résiduaires rejetées au milieu naturel si le rejet dépasse 1 g.j-1our (Article 32 de l'arrêté du 2 février 1998 au sein de l'arrêté du 24/08/17 modifiant dans une série d'arrêtés ministériels les dispositions relatives aux rejets de substances dangereuses dans l'eau en provenance des installations classées pour la protection de l'environnement).

Ils ne font pas partie des substances à surveiller de l'arrêté du 31 janvier 2008 relatif au registre et à la déclaration annuelle des émissions polluantes et des déchets.

Les normes de qualité environnementale (NQE) à prendre en compte dans l'évaluation de l'état écologique des eaux de surfaces continentales métropolitaines à partir du 22 décembre 2015 sont de 28 µg.L-1 pour le glyphosate et 452 µg.L-1 pour l'AMPA (Arrêté du 27/07/15 modifiant l'arrêté du 25 janvier 2010 relatif aux méthodes et critères d'évaluation de l'état écologique, de l'état chimique et du potentiel écologique des eaux de surface).

Ces normes visent la protection des écosystèmes (exposition directe des organismes aquatiques et prédateurs aquatiques ou terrestres qui en dépendent).

La Directive n° 98/83/CE du 03/11/98 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine indique que la valeur paramétrique qui se réfère à la concentration résiduelle en monomètres dans l'eau est de 0.5 µg.L-1 pour la totalité des pesticides.

L'arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) transposant la directive 98/83/CE relative à la qualité des EDCH, fixe la limite de qualité pour chaque pesticide à 0.1 μg.L-1 .

Aucune VLEP spécifique au glyphosate ou à l'AMPA n'a été établie.

Volume de production

Volume de production
France

FTE 2015 Importer

Non
disponible

t.an-1

UE

FTE 2015 Importer

Non
disponible

t.an-1

Monde

FTE 2015 Importer

1 065 000

t.an-1
(2017)

Consommation

Consommation
Volume de consommation en France

FTE 2015 Importer

Non
disponible

t.an-1

Part de la consommation dédiée à l’usage principal en France

FTE 2015 Importer

Non disponible

Présence dans l'environnement

Présence dans l'environnement
Eaux de surface

FTE 2015 Importer

La présence dans les eaux de surface du glyphosate et de l'AMPA (son principal métabolite) est élevée : entre 2014 et 2018 plus de 100 000 mesures ont été réalisées et sont recencées dans la base de données Naïades. 43% des mesures pour le glyphosate ont relevé des concentrations supérieures à la limite de quantification (comprise entre 0,01 et 5µg.L-1), 66% des mesures pour l'AMPA ont relevé des concentrations supérieures à la limite de quantification (comprise entre 0,02 et 50µg.L-1). Selon l'INRA, l'AMPA était en 2017 le métabolite le plus retrouvé dans les cours d'eau français.

Dans les sédiments, la proportion de mesures dont la concentration est supérieure à la limite de quantification est de 19% pour le glyphosate et de 65% pour l'AMPA.

Les normes de qualité environnementale (NQE) à prendre en compte dans l'évaluation de l'état écologique des eaux de surfaces continentales métropolitaines à partir du 22 décembre 2015 sont de 28 µg.L-1 pour le glyphosate et 452 µg.L-1 pour l'AMPA selon l'arrêté du 27/07/15 modifiant l'arrêté du 25 janvier 2010 relatif aux méthodes et critères d'évaluation de l'état écologique, de l'état chimique et du potentiel écologique des eaux de surface.

Eaux souterraines

FTE 2015 Importer

Le glyphosate et l'AMPA sont faiblement présents dans les eaux souterraines. Selon l'ANSES « le glyphosate et l'AMPA sont présents, dans 3 à 4 % des prélèvements effectués dans les eaux souterraines en 2017 avec des dépassements annuels de la norme de qualité de l'eau souterraine pour les pesticides (concentration maximale de 0,1 µg.L-1 pour chaque substance) pour moins de 1% des points de prélèvements ».

Air

FTE 2015 Importer

Peu d'études ont été menées sur la présence de glyphosate et d'AMPA dans l'air en France. Néanmoins en 2004 le glyphosate a été retrouvé pour 14% des 59 échantillons étudiés dans l'air au niveau de la région Hauts-de-France. La concentration maximum retrouvée était de : 0.19 ngm−3. Entre 2014 et 2016, le glyphosate a été retrouvé en moyenne à 7% dans la région PACA, la limite de détection du glyphosate était de 0,05 ng.m-3. L'AMPA n'a pas été retrouvé (sa limite de détection était de 0,28 ng.m-3).

Sols

FTE 2015 Importer

L'étude: Distribution of glyphosate and aminomethylphosphonic acid (AMPA) in agricultural topsoils of the European Union, a analysé la présence de ces substances dans le sol superficiel (15-20 cm de profondeur) de sols agricoles européens (Silva, et al., 2018). 317 échantillons de sols de 10 pays européens dont la France supportant différents types de cultures (arboriculture, viticulture, grandes cultures, prairies temporaires…). La limite de quantification était de 0,05 mg/kg pour ces deux substances. Les résultats de cette étude ont montré une présence élevée de ces substances dans la partie superficielle des sols, avec une présence évaluée à de 42% pour l'AMPA et de 21% pour le glyphosate dans les échantillons étudiés (présences supérieures à la limite de quantification). Le taux maximum observé pour le glyphosate et l'AMPA était de 2 mg/kg.  

Réduction des émissions et substitutions

Réduction des émissions et substitutions

Production et utilisation

Production et ventes

Données économiques

FTE 2015 Importer

Le glyphosate était produit en 2015 par plus de 91 industriels dans une vingtaine de pays (53 producteurs en Chine, 9 en Inde, 5 aux Etats-Unis d'Amérique…). La Chine est le plus gros producteur de glyphosate au monde, en 2017 environ 60% de la demande mondiale était fournie par ce pays avec 685 000 tonnes produites. En Europe cette substance était produite en Espagne, au Royaume Uni et en Hongrie. Au vu des données consultées il ne semblait pas y avoir de site de production en France en 2017. Au niveau mondial sa production a cru durant le début du XXIème siècle comme le montre le Tableau 4 (Research and Market, 2018) (IARC, 2015).

Tableau 4 : Production mondiale de glyphosate (source : (IARC, 2015) et (Research and Market, 2018)

Selon la Base Nationale des Ventes de produits phytosanitaires (BNV-d)4 , les ventes de glyphosate ont progressé en France entre 2011 et 2018, (Tableau 5). Elles étaient d'environ 6 tonnes en 2009 pour s'établir entre 8,5 tonnes et 9,7 tonnes entre 2011 et 2018. C'est en 2018 que les ventes les plus fortes ont été enregistrées.

Tableau 5 : Ventes de glyphosate en France entre 2009 et 2018 recensées dans la BNV-d (en tonnes)5

En 2017, les ventes de glyphosate ont représenté environ 30 % du volume total d'herbicides vendus, une part relativement constante depuis 2013. ( Assemblée Nationale, 2018)

Jusqu'aux années 2000, le glyphosate était uniquement commercialisé par Monsanto, sous le nom commercial de Roundup. Puis il est tombé dans le domaine public, et est désormais fabriqué et commercialisé par un grand nombre de sociétés dans le monde.

Aujourd'hui 33 produits contenant la substance active glyphosate détiennent une autorisation de commercialisation en France selon https://ephy.anses.fr/substance/glyphosate (consulté le

16/12/2019). On peut citer par exemple les produits suivants : Gibson, Freeway, Kyleo, Credit, Helosate plus, Roundup 3 plus, Roundup 6h, Roundup GT max….

En Novembre 2019 l'ANSES a annoncé le retrait de 29 autorisations de mise sur le marché et 7 permis de commerce parallèle de produits phytopharmaceutiques à base de la substance active glyphosate, dans le cadre de l'examen du renouvellement des autorisations de ces produits6 . Ces produits ont perdu leurs autorisations en raison de l'insuffisance ou de l'absence de données scientifiques permettant d'écarter tout risque génotoxique. En 2018 ces produits représentaient ¾ des produits à base de glyphosate vendus en France. (Anses, 2019) et (ANSES, 2019).

Un des avantages de cet herbicide est son faible coût. Un rapport allemand de l'institut agronomique Allemand (Julius Kühn-Institut) (Kehlenbeck, Saltzmann, Schwarz, Zwerger, & al, 2015) mentionne un prix du glyphosate autour de 10 euros le litre pour le produit « Roundup Power Flex »7 . Selon deux agriculteurs enquêtés lors de cette étude, en région PACA et en Dordogne le prix du glyphosate acheté en coopérative en 2019 se situerait entre 4 euros 12 euros le litre. Le prix variant en fonction du produit notamment de sa concentration en substance active et des adjuvants qu'il peut contenir. Les prix peuvent également varier entre coopérative.

[4] Mise en place en 2009, la BNV-d (Banque nationale des ventes de produits phytosanitaires pour les distributeurs https://bnvd.ineris.fr/) est la base de données qui rassemble les informations déclarées par les distributeurs de produits phytosanitaires suite a la mise en place de la redevance pour pollutions diffuses. Cette redevance répond aux exigences de la loi sur l'eau de décembre 2006. Les données utilisées ici ont été extraites en octobre 2018.

[5] Les ventes de glyphosate sont issues du tableau de bord de la BNV-D, lui-même basé sur les déclarations des distributeurs sous forme de bilans ou de registres obligatoires. Les quantités mentionnées ne sont définitives que lorsque 3 années se sont écoulées après l'année de vente (rectification des versements de bilans et registres possible pendant 3 ans par les déclarants).

[6] La fin de vente et de distribution est fixée au 29/05/2020.

[7] Produits non autorisés à ce jour en France

Procédés de production

FTE 2015 Importer

Le glyphosate est synthétisé par mélange de glycine, d'acide chloromethylphosphonique, une solution aqueuse d'hydroxyde de sodium et d'eau qui est ajoutée pour maintenir le pH entre 10 et 12, après quoi le mélange est chauffé puis filtré après ajout d'acide chlorhydrique concentré (RISCPT, 1991 cité par le site internet INCHEM (ICHEM, s.d.).

Utilisations

Introduction

FTE 2015 Importer

En agriculture, le glyphosate est utilisé comme herbicide pour contrôler la végétation adventice :

  • En grande culture pour : la destruction d'adventices vivaces et plantes toxiques pouvant poser des problèmes de santé publique en interculture, destruction des couverts végétaux ;
  • En maraîchage pour la destruction des adventices pouvant nuire à la croissance des plantes cultivées et pour la destruction de plantes toxiques pouvant poser des problèmes de santé publique ;
  • En viticulture pour la destruction de la flore adventice au pieds des plantes ou au niveau des inter-rangs ;
  • En arboriculture pour la destruction de la flore adventice au pied des plantes ou au niveau des inter-rangs, ainsi que pour la destruction des zones refuges pour les bio-agresseurs ;
  • Pour la destruction des prairies8 .

En France, un délai d'utilisation « avant récolte de 30 jours pour les cultures potagères et de 21 jours pour les cultures fruitières est recommandé. Ce délai est porté à 90 jours pour le kiwi et ramené à 7 jours pour l'olive ainsi que pour les grandes cultures » (ephy.anses.fr, 2019).

La quantité utilisée par hectare pour une utilisation agricole varie selon le type de végétation à détruire. Par hectare c'est l'arboriculture et la viticulture qui semblent en consommer le plus ainsi que les cultures conduites en agriculture de conservation des sols9 . Néanmoins les quantités utilisées par hectare et par type de culture varient en fonction des sources. En grande culture environ 1,5 à 2kg de glyphosate sont appliquées par hectare selon le rapport (IARC, 2015) citant (Tomlin, 2000) alors que le rapport parlementaire (Fugit & Moreau, 2019) citant les enquêtes Service de la Statistique et de la Prospective mentionne 50 gr/ha à 250 gr/ha10 .

Les utilisations non agricoles du glyphosate représentaient 22% du tonnage de matières actives en 2011 et 16% en 2016. Cependant ces utilisations ont été réduites car selon la règlementation en vigueur en France l'utilisation du glyphosate n'est plus autorisée pour les collectivités pour la gestion des espaces ouverts au public11. L'utilisation par les jardiniers amateurs du glyphosate devrait également se réduire fortement dans les années à venir car la vente de glyphosate n'est plus autorisée depuis le 1ier janvier 2019.

Le glyphosate est utilisé par la SNCF pour l'entretien de la végétation sur les voies. En 2017, selon des données de l'Inra, la SNCF avait acheté 38,5 tonnes de glyphosate, soit environ moins de 0,4% des ventes totales de glyphosate en France selon (Commissariat général au développement durable, 2019).

En France les données de ventes issues de la BNV-d permettent de fournir des indications sur les tendances d'utilisation de cette substance (Tableau 5 ci-avant).

[8] Une prairie n'est pas une « culture » en soi, mais fait partie intégrante des rotations de différents types de cultures précédemment citées.

[9] Technique agricole qui bannit ou limite le plus possible le travail du sol (appelée également « sans labour » ou « semis direct »

[10] Selon le rapport parlementaire (Fugit & Moreau, 2019) « le volume total des usages déclarés par chaque filière de production reprend les données des statistiques agricoles du ministère de l'agriculture mais n'atteint qu'à peine 50 % des volumes de glyphosate achetés nationalement et disponibles dans la BNV-D »

[11] Cf partie 1.3 de ce rapport

Rejets dans l’environnement

Sources naturelles

FTE 2015 Importer

Le glyphosate est une substance d'origine anthropique, il n'existe donc pas de source naturelle.

Sources non-intentionelles

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Au vu des documents consultés il n'y a pas de source non-intentionnelles de glyphosate et d'AMPA (en dehors d'émissions liées à sa fabrication, son transport et son utilisation).

Rejets dans l'environnement

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Aucune source naturelle de glyphosate n'a été identifiée dans cette étude. Le glyphosate étant un herbicide pulvérisé sur les cultures, les rejets dans l'environnement sont donc localisés aux zones d'utilisation de cette substance.Il n'existe pas de base de données publiques sur l'utilisation de cette substance,seulement des données sur les ventes de cette substances active en France. Néanmois des travaux de recherche sont en cours pour établier une corrélation entre les vente et l'utilisation des produits phytosanitaires

Des rejets dans l'environnement, dans une bien moindre mesure, pourraient également exister sur les sites d'empaquetage et/ou de stockage, et lors du transport de ces produits.

Les produits agricoles, agro-alimentaires (notamment importés depuis des zones hors l'Union Europeenne) et forestiers peuvent aussi être de faibles sources d'emission dans l'environnement de glyphosate. Toutefois il existe des limites maximales de teneurs en glyphosate s'appliquant à un certain nombre de denrées alimentaires et aliments pour animaux dans l'Union Européenne.

Un modèle d'émission de pesticides a été développé pour l'Europe afin d'estimer les quantités de susbtances actives dont le glyphosate émises vers l'air (Sarigiannis & al, 2013). Ce modèle a pris en compte les phénomènes de dérive, de volatilisation lors de l'application et depuis les surfaces traitées. Pour le glyphosate il a été estimé, en utilisant la base de donnée Eurostat et des enquêtes, pour l'année 2000, que 73 tonnes avaient été émises dans l'air en France sur 390 tonnes utilisées. Dans ce modèle seules les quantités de substances actives utilisées pour les cultures suivantes ont été étudiées : maïs, céréales, oléagineux, vignes, vergers.

Dans le cadre de cette étude, nous n'avons trouvé aucune donnée sur les rejets de glyphosate, vers les eaux ou vers les sols.

Pour l'AMPA, aucune source naturelle n'a été identifiée. Les sources de rejets se limitent donc à la dégradation dans l'environnement du glyphosate et des phosphonates. Les phosphonates sont des agents anti-tartre que l'on trouve dans les produits d'entretien domestiques ainsi que dans les détergents.

Présence environnementale

Atmosphère

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La faible pression de vapeur saturante du glyphosate (< à 10−5 Pa à 25 °C) le rend peu soluble dans l'air. Mais il peut y être présent sous forme d'aérosol ou fixé sur des poussières issues de sols traités. Dans certaines conditions il peut aussi y être pour partie dégradé par photodécomposition sous l'effet des ultraviolets solaires (Centre de Référence en Agriculture et Agroalimentaire du Québec, s.d.).

Des émissions atmosphériques de glyphosate peuvent se produire lors de la pulvérisation de l'herbicide. Une partie de la substance peut être transférée dans l'atmosphère lors du traitement par vaporisation des gouttelettes entre la rampe d'application et le sol (atmosud, 2017). Les quantités émises dépendent des conditions météorologiques et du matériel utilisé lors de la pulvérisation de l'herbicide. La volatilisation du glyphosate depuis les surfaces traitées est négligeable en raison de sa faible pression de vapeur saturante (National Pestices Information Center, 2019).

En 2004 le Glyphosate a été recherché dans l'air au niveau de la région Hauts-de-France. La substance a été retrouvée pour 14% des 59 échantillons étudiés. La concentration maximale retrouvée était de : 0.19 ng.m−3 (Prouvost & Declercq, 2005).

Dans le cadre de la surveillance des pesticides dans l'air, une campagne de mesure du glyphosate a été réalisée par Air PACA entre 2014 et 2016 pour le glyphosate et l'AMPA. Sur les 83 analyses réalisées sur 5 sites (Nice, Toulon, Port de bouc, Avignon et Cavaillon) le glyphosate n'a été retrouvé que 5 fois. La limite de détection du glyphosate est de 0,05 ng.m-3 (Armengaud & Quivet, 2017). L'AMPA n'a été retrouvé dans aucun de ces prélèvements (avec une limite de détection de 0,28 ng.m-3).

Une campagne exploratoire de surveillance des résidus de pesticides dans l'air au niveau national entre juin 2018 et juin 2019 a été mise en place par l'Anses, l'Ineris et la Fédération ATMO France. Cette campagne d'un an analyse d'environ 80 substances dont le glyphosate et l'AMPA, sur 50 sites de mesures, en France métropolitaine et dans les Départements et Régions d'outre-mer pour un total d'environ 1500 échantillons sur la durée de la campagne (ANSES, 2018). Les résultats de cette étude seront disponibles au deuxième semestre 2020.

Aquatique

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Le glyphosate est soluble dans l'eau douce à raison de 12 g.L-1 à 20 °C mais il est aussi fortement adsorbé sur les particules du sol sec et alors peu mobilisable par l'eau. Les formes acides du glyphosate et l'AMPA sont de faiblement persistantes à persistantes dans l'eau en condition aérobie et en condition anaérobie. Le glyphosate est stable à l'hydrolyse aux pH normalement rencontrés dans l'environnement.

La phototransformation dans l'eau n'est pas une voie de transformation importante (Centre de Référence en Agriculture et Agroalimentaire du Québec, s.d.).

Le glyphosate et l'AMPA dissout dans les eaux de surfaces peuvent s'absorber aux sédiments, leurs dégradations devient plus longue que dans les eaux (Van Bruggen & al, 2018).

Les résultats de mesures du glyphosate et de l'AMPA dans les eaux de surface en France sont recensés dans la base de données sur la qualité des Eaux de surface (Naïades)13 (Tableau 6).

La proportion de mesures dans les eaux de surface pour lesquelles la concentration est supérieure à la limite de quantification est de 43% pour le glyphosate et de 66% pour l'AMPA.

Parmis ces valeurs mesurées dans les eaux de surface pour le glyphosate 14 mesures sont supérieures à la NQE (28µg.l-1). Aucune n'est supérieure à la NQE pour l'AMPA.

Tableau 6 : Résultats de mesures dans les eaux de surface recensées dans la base de données Naïades entre le 1er janvier 2014 et le 20 novembre 2018

Le glyphosate fait partie des substances recherchées en amont et en aval des stations traitées par l'action RSDE STEU realisée en 2018 (Ministère de l'environnement, 2015). Les données de cette étude ne sont, en 2019, pas disponibles car l'étude est toujours en cours. La précédente action RSDE STEU menée entre 2011 et 2013 n'avait pris en compte ni le glyphosate ni l'AMPA.

[13] http://naiades.eaufrance.fr/

La base de données Naïades recense également les résultats de mesures de substances dans les sédiments. Ces résultats sont présentés dans le Tableau . La proportion de mesures dont la concentration est supérieure à la limite de quantification est de 19% pour le glyphosate et de 65% pour l'AMPA.

Tableau 7 : Résultats de mesures dans les sédiments des eaux de surface recensées dans la base de données Naïades entre le 1er janvier 2014 et le 20 novembre 2018

Dans les eaux interstitielles des sédiments sur les 38 mesures validées pour le glyphosate, 11 sont supérieures au seuil de quantification (les valeurs sont comprises entre 0,04 et 0,80 μg/kg). Pour le glyphosate pour 38 mesures réalisée 21 sont supérieures au seuil de quantification (les valeurs sont comprises entre 0,05 et 2,58 μg/kg).

Entre 2007 et 2017 des mesures ont été réalisées pour le glyphosate et l'AMPA dans les eaux souterraines en France métropolitaine et dans les Département et Région d'Outre-Mer. Les seuils de quantifications sont compris entre 0,01 et 0,5 µg.L-1. Le seuil de dépassement auquel sont comparées les mesures quantifiées est de 0,1 µg.L-1, correspondant à la limite réglementaire pour les substances actives phytopharmaceutiques relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) (ANSES, 2019).

En France métropolitaine le glyphosate est quantifié sur cette période avec un taux de quantification entre 0,5% et 3,4%. Le taux de quantification le plus élevé a été relevé pour l'année 2017. Le pourcentage des points de mesures où la moyenne par an est supérieure au seuil de 0,1 µg.L-1 est compris entre 0,4% et 1,5%. L'AMPA a été quantifiée sur cette même période avec un taux compris entre 0,9% et 4,7%. Le pourcentage des points de mesures où la moyenne annuelle est supérieure au seuil de 0,1 µg.L-1 est compris entre 0,5% et 1,4%.

Dans les DROM le glyphosate est quantifié sur cette période avec un taux de quantification entre 0,0% et 4,2%. Le pourcentage des points de mesures ou la moyenne annuelle est supérieure au seuil de 0,1 µg.L-1 est compris entre 0,0% et 7,4%. L'AMPA sur cette même période a été quantifiée avec un taux compris entre 0,0% et 9,2%. Le pourcentage des points de mesures où la moyenne annuelle est supérieure au seuil de 0,1 µg.L-1 est compris entre 0,0% et 17,0%. Notons que pour ces deux substances les valeurs maximales ont été observées pour l'année 2007.

Terrestre

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Les formes acides du glyphosate et l'AMPA sont de faiblement persistantes à persistantes dans les sols en condition aérobie et en condition anaérobie. La phototransformation dans le sol n'est pas une voie de transformation importante.

Le glyphosate et l'AMPA sont légèrement mobiles à immobiles dans les sols et leur potentiel de lessivage est faible (Centre de Référence en Agriculture et Agroalimentaire du Québec, s.d.).

Le glyphosate et son métabolite l'AMPA peuvent persister plus d'un an dans les sols argileux, alors que leur présence dans les sols sableux est éphémère. L'absorption du glyphosate sur l'argile et la matière organique du sol ralentit sa dégradation par les microorganismes du sol et contribue à son accumulation dans le sol (Van Bruggen & al, 2018).

Les propriétés du glyphosate et de l'AMPA ne laissent pas penser qu'ils pourraient être significativement entraînés jusque dans les eaux souterraines, néanmoins, l'utilisation extrêmement généralisée du glyphosate font qu'on retrouve ces 2 composés dans les eaux souterraines. Cette présence bien que significative reste faible (cf. section 4.2.2). Des conditions climatiques, telles que de fortes pluies conduisent également à leur transfert vers les eaux souterraines.

Le glyphosate contenu dans le sol, peut avec les phénomènes d'érosion et de pluie être transféré vers les eaux de surfaces.

Peu d'études ont été menées en Europe sur la présence de glyphosate et d'AMPA dans les sols agricoles. Pour combler une partie de ce manque d'information l'étude : Distribution of glyphosate and aminomethylphosphonic acid (AMPA) inagricultural topsoils of the European Union, a analysé la présence de ces substances dans le sol superficiel (15-20 cm de profondeur) de sols agricoles européens (Silva, et al., 2018). 317 échantillons de sols de 10 pays européens dont la France supportant différents types de cultures (arboriculture, vitulture, grandes cultures, prairies temporaires…) La limite de quantification était de 0,05 mg/kg pour ces deux substances. Les résultats de cette étude ont montré une présence élevée de ces substances dans la partie superficielle des sols, avec une présence évaluée à de 42% pour l'AMPA et de 21% pour le glyphosate (fréquence des valeurs supérieures à la limite de quantification). La teneur maximum observée pour le glyphosate et l'AMPA était dans cette étude de 2 mg/kg.

Synthèse

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Le glyphosate et l'AMPA sont très fréquemment retrouvés dans les eaux ; entre 2009 et 2013 le glyphosate était la substance active la plus détectée dans les eaux, en 2017 les analyses réalisées dans les eaux de surfaces en France montrent la présence du glyphosate dans 50% des prélèvements et 74% pour l'AMPA qui est le métabolite le plus fréquemment détecté dans les cours d'eau français (INRA, 2018), (Commissariat général au développement durable, 2015). Néanmoins en onze années de surveillance « un seul dépassement de valeurs toxicologiques de référence a été analysé » selon l'ANSES (ANSES, 2019).

Contrairement au sol où la minéralisation du glyphosate est bonne, dans l'eau la biodégradation du glyphosate est souvent incomplète, ce qui conduit à une accumulation d'AMPA (métabolite intermédiaire) dans ce milieu (INRA, 2018). Néanmoins la présence d'AMPA dans les cours d'eau n'est pas uniquement due à la dégradation du glyphosate. Comme expliqué plus haut l'AMPA est aussi un des métabolites des phosphanates qui sont utilisés comme agents anti-tartre dans de nombreuses applications industrielles et domestiques. Selon (Jarowska, 2002), l'AMPA est un métabolite de certains phosphonates présents dans les lessives : ATMP, EDTMP et DTPMP. Selon (RIVM, 2004), ATMP peut être employé dans des liquides de refroidissement et des détergents industriels, EDTMP dans des détergents industriels et domestiques, et DTPMP dans des détergents domestiques.

Selon (Delabays & Bohren, 2007) « sa présence [de l'AMPA] souvent associée au glyphosate, de même que sa détection dans des bassins versants peu urbanisés, ne permettent cependant pas d'exclure la responsabilité de l'agriculture ». Une étude réalisée au Canada (Struger, Van Stempvoort, & Brown, 2015) a étudié la corrélation de la présence d'AMPA dans les eaux de surface avec la présence de glyphosate ainsi que la corrélation avec une substance spécifique12 des eaux usées. Au vu des résultats obtenus pour la région Ontario, il semble que l'AMPA retrouvé dans les eaux de surfaces soit fortement lié à l'utilisation de glyphosate. Selon (Jaworska & al , 2002) le glyphosate serait aux Pays-Bas une source d'AMPA dans les eaux de surface dix fois plus importante que les phosphonates. La co-occurrence de l'AMPA et du glyphosate a été étudiée dans les eaux en France à partir de 50 000 mesures réalisées entre 2013 et 2017 dans les eaux. Le glyphosate a été retrouvé sans l'AMPA dans 3% des échantillons (Carles, Gardon , & al, 2019), ce qui conforte les résultats de l'étude Canadienne et le lien entre l'agriculture et la présence d'AMPA dans les eaux de surfaces.

Mis à part les sources précédemment citées « la contribution domestique d'AMPA via les phosphonates est peu documentée dans la littérature » (Piel & al, 2019). Il apparait donc que même si la responsabilité de l'agriculture quant à la présence d'AMPA dans les eaux de surface est indéniable, les connaissances actuelles ne permettent pas d'estimer avec précision la part provenant de la dégradation du glyphosate de celle des phosphonates,

Peu de travaux à ce jour ont été réalisés pour investiguer sur la présence de glyphosate et l'AMPA dans l'air en France mais des études sont en cours de développement au niveau national et les résultats seront disponibles l'année prochaine.

[12] acesulfame

Perspectives de réduction

Réduction des rejets

Réduction des émissions et alternatives aux usages de Glyphosate

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Différentes stratégies sont possibles pour réduire l'utilisation de glyphosate en agriculture :

  • Substitution de la substance herbicide par une autre substance chimique14 (il conviendrait alors de s'assurer que l'alternative présente des nuisances moindres sur la santé humaine et sur l'environnement que le glyphosate),
  • Utiliser des techniques d'application qui limitent les quantités utilisées et les émissions vers l'environnement,
  • Modification des pratiques agricoles afin de réduire les usages du glyphosate ou de les supprimer, ou encore de limiter les pertes vers l'environnement

[14] le dicamba, le 2.4D, les sulfonylurées pourraient substituer l'utilisation du glyphosate d'un point de vue fonctionnel mais avec un impact environnemental non négligeable selon l'ACTA

Le glyphosate est un herbicide systémique non sélectif, c'est-à-dire qu'il est efficace contre toutes les mauvaises herbes, même si des phénomènes de résistance de certaines plantes ont été observées (Inra, 2013). Le fait qu'il soit systémique15 le rend efficace sur les adventices vivaces16 et les mauvaises herbes annuelles17 (Neal & Senesac, 2019). A ce jour, il n'existe pas d'herbicide non sélectif autorisé sur le marché pouvant substituer toutes les utilisations pour lesquelles le glyphosate est utilisé. Néanmoins il existe des herbicides pouvant substituer certains « usages du glyphosate » mais il n'existe pas de substituts chimiques au glyphosate pour d'autres usages, comme par exemple en interculture18 . Aucune substance alternative n'est également mentionnée dans le guide l'ACTA (acta, 2019). Avant semis pour le nettoyage de la parcelle il est possible d'utiliser du dicamba mais exclusivement pour la culture du maïs (Reboud & al, 2017).

Concernant le désherbage chimique en culture, des herbicides sélectifs pourraient substituer le glyphosate : sur le charbon des champs des produits à base de clopyralid ou de metsulfuron-méthyl ou d'hormones auxiniques pour de nombreuses cultures céréalières, sur le chiendent des produits à base de sulfosulfuron ou propoxycarbazone sont autorisés pour la culture du colza, du pois, du tournesol ou du maïs, sur rumex des produits à base de fluroxypyr ou de metsulfuron ou thifensulfuron sont autorisés pour les cultures céréalières, sur les liserons le fluroxypyr ( en céréale et maïs) et le dicamba (en maïs) peuvent être utilisés (Reboud & al, 2017).

Les bioherbicides, herbicides à base de substances naturelles, de micro-organismes, de macro-organismes ou de médiateurs chimiques pourraient constituer des alternatives au glyphosate. Ces bioherbicides seraient probablement biodégradables et peu toxiques mais cela reste à étudier au cas par cas » (Triolet, Cordeau, & Steinb, 2018). C'est par exemple le cas des herbicides à base d'acide pélargonique, qui sont des défoliants de contact pouvant être utilisés en viticulture ou pour la culture de pommes de terre notamment (Reboud & al, 2017). Se basant sur des ressources naturelles, ces bioherbicides pourraient s'avérer être une voie de substitution au glyphosate dans les années à venir mais à ce jour leur disponibilité (peu de produits disposent d'une AMM sur le marché français), leurs efficacités et leurs coûts peuvent limiter leur utilisation.

[15] La substance active migre de la surface foliaire aux racines

[16] Plantes qui peuvent vivre plus de deux ans

[17] Plantes qui ne vivent qu'un an et font tout leur cycle à partir d'une graine

[18] Le rapport de l'INRA (Reboud & al, 2017) ne mentionne aucune alternative chimique à l'utilisation du glyphosate pour la destruction des couverts

En ce qui concerne la modification des pratiques agricoles, les leviers identifiés par le rapport de l'INRA « usages et alternatives dans l'agriculture française » faisant suite à une saisine des Ministères de l'Agriculture et de l'Alimentation, de la Transition Ecologique et Solidaire et de l'Enseignement Supérieur et de la recherche (Reboud & al, 2017) varient en fonction notamment des cultures, des conditions pédoclimatiques de l'exploitation, des pratiques agricoles passées influençant le stock de graines

adventices plus ou moins important dans les sols. Pour les grandes cultures ont été identifiées : la diversification des successions culturales (implantation de prairies temporaires pour épuiser les réserves souterraines des vivaces par exemple), le recours au labour, le décalage des semis, le choix des variétés, la fertilisation modérée, le recouvrement du sol… En viticulture les alternatives à l'utilisation de glyphosate pour gérer le sol des parcelles sont multiples et diverses. Les pratiques varient du désherbage mécanique du sol à l'enherbement permanent ou temporaire des parcelles avec pour objectif d'intégrer le rôle positif que peut jouer la flore adventice. L'utilisation de substances biocontrôle est également mentionnée… En arboriculture le rapport conseille essentiellement du désherbage mécanique pour gérer la flore adventice, en combinaison avec d'autres opérations pour limiter le nombre de passages. Les pratiques alternatives proposées dans ce rapport, se sont appuyées sur les pratiques développées dans réseau des fermes DEPHY19, dispositif du plan Ecophyto.

Des techniques de désherbage mécanique notamment développées par l'IRSTEA comme par exemple le désherbage électromécanique, le désherbage électrique et la robotisation ont un impact moindre sur le sol (biodiversité, stockage du carbone, consommation énergétique…) par rapport au labour classique. La robotisation est à ce jour une solution efficace mais seulement réservées aux cultures à forte valeur comme la viticulture.

Le rapport parlementaire du 12 novembre 2019 concernant le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate (Fugit & Moreau, 2019) met en avant certaines pratiques agricoles pour lesquelles la substitution du glyphosate est plus compliquée à mettre en place ; l'agriculture de conservation du sol, les cultures aux fortes contraintes techniques (exemple culture en coteaux), cultures destinées à des marchés spécifiques qui leur imposent des cahiers des charges très contraignants pour lesquelles la présence d'adventices est très dommageable (exemple production de semences) et des cultures de niches comme par exemple le rouissage du lin et la culture du tabac.

En grandes cultures, l'INRA constatait en 2017 que l'utilisation du glyphosate est d'autant plus importante que le travail du sol est réduit. De manière générale, les possibilités de sortie du glyphosate dépendent des possibilités de développer le travail du sol, qui est une alternative efficace pour la gestion de la végétation, mais plus intensive en main d'œuvre.

Le développement des connaissances agronomiques et des pratiques agricoles innovantes comme par exemple le perfectionnement des couverts, l'allongement des rotations, avec alternance de cultures d'hiver et de printemps pour casser le cycle des adventices pourrait permettre de réduire la dépendance de l'agriculture de conservation aux herbicides et donc au glyphosate20 . (Pour gérer la présence d'adventices, l'agriculture biologique s'appuie sur des rotations longues (7 à 8 ans) faisant varier les familles de plantes. L'inclusion de prairies dans les rotations permet également de diminuer la flore adventice (OSAE, s.d.).

[19] Le réseau FERME DEPHY rassemble plus de 3 000 exploitations agricoles engagées dans une démarche volontaire de réduction de l'usage de pesticides. Le réseau EXPE DEPHY réunit 41 porteurs de projets répartis sur environ 170 sites expérimentaux, et permet de concevoir, tester et évaluer des systèmes de culture visant une forte réduction de l'usage de produits phytosanitaires (https://agriculture.gouv.fr/fermes-dephy).

[20] http://www.inra.fr/Chercheurs-etudiants/Systemes-agricoles/Tous-les-magazines/Pionnier-en-agriculture-de-conservation-des-sols

Des bonnes pratiques permettent de limiter les dérives d'épandage ou de limiter les quantités appliquées, mais leur efficacité demeure marginale par rapport à la substitution.

La SNCF a décidé de ne plus utiliser de glyphosate pour l'entretien des voies à partir de 2021 selon (Fugit & Moreau, 2019) citant l'audition de M. Jean-Pierre Farandou par la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire le 2 octobre 2019. Des solutions sont donc actuellement en développement afin de substituer cet herbicide utilisé pour l'entretien des voies : l'utilisation de robots pour faucher les adventices(VivaTech 2019 : la révolution digitale est sur les rails, 2019), l'encensement21 sur les voies (SNCF réseau, 2019) …

[21] « L’encensement est une technique consistant à implanter un mélange d’espèces végétales permettant d’entrer en concurrence avec la flore existante » (SNCF réseau, 2019). A terme cela a pour
but de simplifier l’entretien des voies.

Alternatives aux usages

Coûts de la substitution

FTE 2015 Importer

Diverses études ont été réalisées sur le coût de la sortie du glyphosate dans l'agriculture en Allemagne (Kehlenbeck, Saltzmann, Schwarz, Zwerger, & al, 2015) et en Autriche (Andres & al, 2019). Les résultats de ces études sont difficilement transférables à l'agriculture française. En effet les conditions pédoclimatiques et les pratiques agricoles propres à chaque territoire impactent le coût du changement des pratiques agricoles pour substituer l'utilisation du glyphosate. L'étude autrichienne a comptabilisé les surcoûts des herbicides substituant le glyphosate et de la main d'œuvre supplémentaire pour différents types de cultures et en fonction des conditions de substitution. Le coût de la sortie serait estimé entre 0 et 200 euros de perte de revenu marginal par hectare (Andres & al, 2019). Néanmoins dans ce rapport l'ensemble des impacts environnementaux et sanitaires associés à la sortie de l'herbicide n'ont pas été pris en compte.

Le rapport parlementaire de novembre 2019 sur la sortie du glyphosate (Fugit & Moreau, 2019), mentionne qu'une étude économique réalisée par un cabinet extérieur a estimé le coût à une multiplication par 16 des coûts d'entretien des voies ferrées si la SNCF ne pouvait plus utiliser de glyphosate22. Aujourd'hui les coûts d'entretien de la végétation sont chiffrés à 30 millions d'euros.

Les surcoûts de la sortie du glyphosate dans la viticulture ont été estimés par l'INRA (cité par (Fugit & Moreau, 2019) entre 210 et 408 euros par hectare en fonction des caractéristiques des parcelles de vignes et des méthodes de substitution utilisées pour le désherbage (mécaniques ou chimiques).

Le glyphosate est depuis longtemps utilisé de façon massive en France ; c'est la deuxième substance active la plus utilisée en France, avec 12 % du total des ventes sur la période 2015-2017 (Commissariat général au développement durable, 2019). Le glyphosate est un herbicide peu onéreux et efficace, il a donc contribué au modelage d'un certain nombre de pratiques agricoles actuelles et au système agricole en général. Ainsi la fin de son utilisation engendrera au moins à court terme des coûts : pour la mise en œuvre de moyens mécaniques chimiques ou manuels pour entretenir la végétation, le développement et l'adaptation à des techniques culturales alternatives...

[22] Ce coût a été estimé en se basant sur une substitution du désherbage chimique par thermique. Néanmoins il semblerait que la SNCF travaille actuellement sur d'autres solutions comme l'encensement ou l'utilisation de robot qui pourrait faire baisser ce cout de transition.

Conclusion

FTE 2015 Importer

Le glyphosate est utilisé comme herbicide dans le domaine agricole pour contrôler la végétation d'adventices et les plantes toxiques pouvant poser des problèmes de santé publique en interculture ou avant un semis, détruire les couverts végétaux et les prairies. Il est utilisé en viticulture et en arboriculture pour réduire la végétation entre les rangs et aux pieds des plantes. Il est également utilisé par la SNCF pour la gestion de l'enherbement des voies ferrées. Les utilisations non agricoles de glyphosate ont été réduites depuis 2017. En effet pour les personnes publiques23 il est interdit « d'utiliser ou de faire utiliser des produits phytosanitaires pour l'entretien des espaces verts, forêts, promenades et voiries (sauf pour des raisons de sécurité ...) accessibles ou ouverts au public » ainsi que pour les jardiniers amateurs depuis le 1er janvier 2019 (la loi n°2014-110 du 6 février 2014 (dite « loi Labbé »).

Au niveau mondial, la production de glyphosate est en augmentation depuis la fin des années 1990 avec plus d'un million de tonnes substances actives produites en 2017, majoritairement en Chine. Les ventes de glyphosate en France recensées par la BNV-d, sont également en augmentation sur la période 2009-2018. En 2017, les ventes de glyphosate ont représenté environ 30 % du volume total d'herbicides vendus, une part relativement constante depuis 2013 ( Assemblée Nationale, 2018). Le glyphosate et l'AMPA sont fortement retrouvés dans les eaux de surfaces. En 2017 selon l'ANSES, l'AMPA était le métabolite le plus retrouvé dans les cours d'eau Français. Le glyphosate et son métabolite sont en revanche peu retrouvés dans les eaux souterraines. Peu d'études ont été menées à ce jour sur l'étude de la présence du glyphosate dans l'air et dans le compartiment sol. Néanmoins une étude publiée en 2018 (Silva, et al., 2018) a évalué que l'AMPA et glyphosate sont présents dans respectivement 42% et 21% des sols superficiels agricoles en Europe.

L'autorisation du glyphosate a été renouvelée en 2017 pour les cinq prochaines années par le règlement d'exécution (UE) 2017/2324 de la commission du 12 décembre 2017. Néanmoins « La France s'est engagée à sortir du glyphosate d'ici 2020 pour la plupart des usages, puis pour tous les usages d'ici à 5 ans (2022), en veillant toutefois à ne pas laisser les agriculteurs sans solution ». (Commissariat général au développement durable, 2019). Fin 2019, 36 autorisations de mises sur le marché de produits contenant la substance active glyphosate ont été retirées (ANSES, 2019).

Afin de réduire ou de supprimer les émissions de glyphosate vers l'environnement, il faut réduire ou supprimer son utilisation et pour cela plusieurs solutions sont possibles ; la substitution de certaines utilisations du glyphosate par d'autres substances chimiques en s'assurant que leur toxicité est plus faible que celle du glyphosate. A ce jour il n'existe pas une substance pouvant remplacer tous les usages du glyphosate. On peut également citer la substitution par des méthodes de désherbage thermique ou mécaniques, l'utilisation de techniques d'application limitant les quantités utilisées et les émissions vers l'environnement et la modification des pratiques agricoles afin de réduire les usages du glyphosate ou de les supprimer.

A ce jour, il semblerait que le travail du sol soit une alternative efficace pour la gestion de la végétation adventice bien que nécessitant plus de main d'œuvre et ayant elle aussi des impacts environnementaux. Dans les cas où ce travail du sol est difficile ou impossible à mettre en place, la sortie du glyphosate s'avèrera compliquée. Ce qui est le cas pour certaines pratiques agricoles comme l'agriculture de conservation du sol, les cultures aux fortes contraintes techniques, et des cultures de niches comme par exemple le rouissage du lin et la culture du tabac…

Le glyphosate est utilisé de façon massive en France, c'est la deuxième substance active la plus utilisée en France, avec 12 % du total des ventes sur la période 2015-2017 (Commissariat général au développement durable, 2019). Le glyphosate est un herbicide peu onéreux et efficace, dans le cadre agricole il a donc contribué au modelage d'un certain nombre de pratiques agricoles actuelles. Ainsi la fin de son utilisation engendrera au moins à court terme des besoins et des difficultés d'adaptation pour : la mise en œuvre de moyens mécaniques chimiques ou manuels pour gérer la végétation, le développement et l'adaptation à des techniques culturales alternatives.

[23] État, régions, communes, départements, groupements et établissements publics propriétaires d'un domaine public ou privé

Introduction

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1066-51-9 -- AMPA -- FTE
Publié le 23/03/2020
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1066-51-9 -- AMPA -- NQE
Publié le 09/01/2014